ORDRE DU JOUR
DE LA SEANCE DU
mercredi 27 avril 1988
[8] Élection du Président de la République
Déclaration du 27 avril 1988, résultats du premier tour de scrutin
SEANCE DU MARDI 26 AVRIL 1988
La séance est ouverte â 10 heures en présence de tous les membres, à l'exception de Monsieur SIMONNET excusé.
Avant l'introduction des rapporteurs-adjoints chargés de rendre compte des résultats de chaque département ou territoire, la parole est donnée à Monsieur le Secrétaire général.
Monsieur le Secrétaire général : Je souhaiterais vous indiquer les quelques problèmes qui ont été signalés par les délégués du Conseil constitutionnel ou que rencontrent les rapporteurs-adjoints lors de leur examen des procès-verbaux.
Le premier, qui n'est pas le plus important, s'est posé dans de nombreux centres de vote à l'étranger. Il s'agit de l'utilisation de la carte consulaire lors des vérifications d'identité. L'ancienne carte comportait une photographie du titulaire, la nouvelle en est dépourvue. Les Présidents des bureaux de vote se sont partagés pour savoir si devait être admise, à titre de pièce d'identité, la nouvelle carte. Il serait nécessaire que les pratiques soient harmonisées pour le second tour du scrutin.
Il a été ensuite constaté plusieurs incidents relatifs au vote par procuration de Français établis hors de France. En l'état de l'instruction, le Conseil constitutionnel aura des difficultés à statuer sur les observations ou réclamations portées à ce sujet sur les procès-verbaux.
Le problème le plus fréquent et sans doute le plus important à résoudre concerne les discordances qui apparaissent fréquemment entre le nombre des émargements et celui des enveloppes ou bulletins sans enveloppe trouvés dans l'urne.
Il s'agit parfois d'un phénomène marginal dû â des erreurs d'inattention dans la tenue des listes d'émargement. Dans d'autres cas, les écarts sont plus conséquents. On peut alors être en présence d'un "bourrage d'urne" intervenu au moment du vote ou d’une fraude commise au moment du dépouillement.
A cet égard, on constate depuis 1974 une divergence entre la jurisprudence du Conseil constitutionnel et celle du Conseil d'Etat. Le Conseil d'Etat, qui raisonne dans le cadre d'élections locales et sur les résultats définitifs du scrutin, cherche à vérifier si, après déduction des bulletins irréguliers opérée sur les voix obtenues par le candidat élu, celui-ci conserve toujours la majorité. Il effectue cette déduction dans le seul cas où reste inconnue l'origine de l'irrégularité (1)
Le Conseil constitutionnel, à l'initiative de Monsieur François GOGUEL, pour sa part, déduit les suffrages irréguliers des voix obtenues par le candidat arrivé en tête dans le bureau en cause ; il présume ainsi que la fraude a dû profiter au candidat arrivé en tête.
Aujourd'hui, le problème se pose à propos de l'élection présidentielle qui se déroule dans le cadre de la circonscription nationale et lors du premier tour de ce scrutin.
Plusieurs solutions ont été appliquées par les diverses commissions de recensement. Dans certains cas, la jurisprudence traditionnelle du Conseil constitutionnel a été appliquée. La commission de recensement du Pas-de-Calais a adopté un mécanisme de déduction original qui affecte tous les candidats (les bulletins irréguliers ont été déduits des suffrages obtenus par chaque candidat). Quant au délégué du Conseil constitutionnel à la Réunion, il a choisi d'opérer une déduction au prorata des suffrages obtenus par chaque candidat, en estimant que l'application de la règle traditionnelle aboutissait à une anomalie, à savoir, faire passer le candidat arrivé en tête à la seconde position.
Pour résoudre cette difficulté, le Conseil, sur le rapport de Monsieur LABRUSSE, avait, en 1981, soustrait alternativement les suffrages dès lors que le candidat arrivé en tête dans le bureau cessait de l'être.
Mais, on peut être, malgré tout, confronté, comme vous le verrez, à l'hypothèse d'école où deux candidats obtiennent un même nombre de suffrages et où il faut déduire un seul suffrage irrégulier.
Aussi, serait-il bon que vous suggériez aux rapporteurs-adjoints de ne pas modifier les résultats arrêtés par les commissions de recensement, sauf dans deux cas : lorsqu'une réclamation a été présentée, et lorsque l'écart se révèle très important, ce qui laisse présumer l'existence d'une fraude pouvant justifier alors l'annulation de l'ensemble des suffrages du bureau.
6 décembre 1912 : Elections de Saint-Cyprien ; 18 juin 1920 : Elections de Lapège ; 12 mai 1978 : Elections d'Eqletons ; cf. R.D.P. 1983, p. 1662).
A l'appui de cette position, on peut faire valoir certains arguments . le Conseil ne dispose que de peu de temps pour procéder au recensement des votes : or, Monsieur de CASTELBAJAC a dû se livrer à un travail de plusieurs heures pour appliquer à Paris les règles traditionnelles. En outre, l'application de la jurisprudence traditionnelle se heurte à des difficultés matérielles : c'est ainsi qu'à Arpajon, faute de pouvoir individualiser les votes par bureau, il n'est pas possible de déduire un bulletin irrégulier. Enfin, le Conseil constitutionnel n'est pas obligé d'individualiser les bulletins blancs ou nuis, ce qui permet de limiter les effets de la position que le rapporteur vous proposera d'adopter.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : C'est la première fois que je n'ai pas présidé un scrutin dans ma ville depuis une quarantaine d'années. Quand il y a bourrage d'urne, la fraude est évidente. Mais, quand on obtient des écarts minimes d'une ou de deux unités par bureau sur 1 500 à 2 000 votants, c'est en général le produit d'un moment d'inattention ; dans ce cas-là, on retenait le nombre d'enveloppes et de bulletins trouvés dans l'urne.
Monsieur de CASTELBAJAC est introduit à 10 h 20 en séance pour rapporter sur PARIS (1).
Le seul problème qui se pose est celui de la différence apparaissant entre le nombre des votants et le nombre des enveloppes et bulletins sans enveloppes trouvés dans l'urne. La commission de recensement a signalé le problème sans le résoudre : l'écart est de 831 unités réparties sur 350 bureaux. Si l'on appliquait la jurisprudence du Conseil constitutionnel, il faudrait retirer à Monsieur CHIRAC 481 voix et à Monsieur MITTERRAND 350 voix.
J’ai renoncé à vous proposer ces rectifications. Pour une raison pratique d'abord : il a fallu deux heures de travail, avec l'aide de trois agents du Ministère de l'intérieur, pour effectuer ces calculs. On manque de temps pour se livrer à ces opérations et la connaissance des résultats bureau par bureau reste insuffisante.
En outre, il n'existe aucun écart digne de faire présumer l'existence d'une fraude : l'écart maximal est de 12 sur 1 137 votants dans un bureau du llème arrondissement. Enfin, l'application de la jurisprudence traditionnelle soulève des problèmes théoriques. Que faire lorsque l'on est en présence de deux candidats arrivés en tête à égalité de suffrages et que l'écart n'est que d'une unité ? Est-il normal qu'à la suite des déductions à opérer le candidat en tête arrive en deuxième position ?
C'est pourquoi je vous propose de maintenir les résultats établis par la commission de recensement sans y apporter aucune modification.
Monsieur VEDEL (à l'invitation de Monsieur le Président) : Cela me paraît être la solution de la sagesse. La jurisprudence jusqu'alors en vigueur (rectifications bureau par bureau) n'a pas de rationalité, même si l'on invoque une jurisprudence datant de 1910 de la Chambre des Députés. Il faudra certes que le Conseil revoit sa position dans le cadre du contentieux des législatives. Mais, ici, il faudrait, à la vérité, retenir tous les écarts constatés dans tous les départements pour les reporter au niveau national, ce qui n'a pas grande signification quand il ne s'agit que de classer les candidats dans un certain ordre.
Monsieur FABRE : La solution traditionnelle est désobligeante à l'égard du candidat arrivé en tête dans un bureau.
Monsieur le Président : Un écart de 1 % n'est pas négligeable si l'on projette ce taux sur un électorat nombreux. A quel niveau doit-on estimer qu'une erreur grossière vaut fraude ?
Monsieur le Secrétaire général : On peut retenir le pourcentage de 5 %.
Monsieur PAOLI : J'ai connu le cas où l'écart s'élevait à 10 % avec des émargements très largement supérieurs aux enveloppes trouvées dans l'urne. Il s'agissait de la préparation d'un bourrage d'urne qui n'avait pas abouti .
Monsieur le Secrétaire général : Il faut tenir compte des pièces du dossier, du nombre d'irrégularités cumulées qui sont dénoncées : le juge de l'élection est alors sensible au climat d'ensemble. Dans le procès-verbal du llème arrondissement ne figure aucune observation ou réclamation.
Monsieur MAYER : Je suis d'accord avec les conclusions du rapporteur. Mais j'aimerai que l'on décide qu'il s'agit là d'une position de principe qui ne vaut pas seulement pour Paris.
Monsieur VEDEL : Ce ne peut être une doctrine pour les élections ultérieures, sauf en ce qui concerne l'élection du Président de la République. Pour les élections législatives, à l'avenir, le problème peut être posé différemment.
Monsieur MAYER : Si l'on part des seules constatations propres à Paris pour arriver à cette conclusion exposée par le rapporteur, on risque de changer de doctrine par la suite. Je ne le souhaite pas.
Le Conseil adopte les conclusions du rapport sur Paris.
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Monsieur de CASTELBAJAC présente le rapport suivant :
On retrouve
le même problème de discordances mais il est rendu plus l'accusation de bourrage d'urne portée par le représentant MITTERRAND contre le Président de certains bureaux de vote.
L'écart s'élève, pour l'ensemble du département, à 558 unités avec un maximum n'excédant pas 10.
Monsieur le Secrétaire général : Tout dépend du nombre d'inscrits par bureau.
Monsieur le Présent : S'il s'avère qu'il y a eu bourrage, le Conseil aura à décider comment et sur qui déduire les suffrages irréguliers. (S'adressant au rapporteur) Pourrez-vous nous apporter des précisions supplémentaires sur les faits qui font l'objet de la réclamation ?
Monsieur VEDEL : S'il y a réclamation, il faut regarder de près.
Le Conseil décide d'ajourner l'examen du département de Val de Marne.
- SUR LES YVELINES :
Monsieur de CASTELBAJAC présente le rapport suivant :
Un problème mérite d'être signalé : l'utilisation de la profession de foi de Monsieur LE PEN a été reconnue comme suffrage valable par un bureau de vote, mais rejetée comme suffrage nul par la commission de recensement. La jurisprudence du Conseil d'Etat s'attache à l'expression claire de l'intention de l'électeur. En l'espèce cette condition paraît satisfaite.
Monsieur le Secrétaire général : Il s'agit là d'une affaire complexe. Selon la jurisprudence ancienne du Conseil d'Etat, il faut faire prévaloir l'intention de l'électeur : c'est ce qui a été jugé, par exemple, pour les élections municipales d'Aix-en-Provence (Ass., 13 janvier 1967, Lebon p. 16).
Le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 12 juillet 1978 rendue, sur le rapport de Monsieur MORISOT, à l'occasion de l'élection de Monsieur de LA MALENE à Paris, a refusé de regarder comme valable le vote émis au moyen d'une profession de foi. Ainsi, pour les élections législatives, la jurisprudence est plus stricte.
Le Conseil d'Etat, statuant sur des réclamations dirigées contre l'élection des représentants à l'Assemblée des communautés européennes (Ass., 22 octobre 1979, Lebon p. 385), sur les conclusions de Monsieur MORISOT (R.D.P. 1980, p. 541), a paru se rallier à cette jurisprudence plus stricte, en raison de la rigueur et de la précision des textes applicables.
Mais, par son arrêt d'Assemblée du 27 janvier 1984 (Elections municipales de Lizières, Lebon p. 26), rendu conformément aux conclusions de Monsieur PAUTI (R.D.P. 1984, p. 1 067), le Conseil d'Etat a opéré un retour à sa jurisprudence traditionnelle.
Cela paraît être une sage jurisprudence que de rechercher quelle est la volonté de l'électeur. L'écarter serait faire preuve d'un formalisme qui peut paraître excessif.
Monsieur VEDEL : Pour les élections municipales où il s'agit d'un scrutin de liste, on vote pour la liste. La jurisprudence qui vient d'être rappelée s'applique-t-elle même au cas où le panachage est autorisé ?
Monsieur le Secrétaire général : Non, elle ne vaut que pour le système de liste bloquée. Dans l'affaire des élections d’Aix-en-Provence, il y avait application de la loi du 27 juin 1964.
Monsieur MOLLET-VIEVILLE : Le secret du vote peut être violé si un parti donne pour consigne d'utiliser les professions de foi comme moyen de vote : ce type de bulletin devient distinctif, j'estime que lorsque le vote a lieu au moyen d'une profession de foi, il s'agit d'un signe de reconnaissance.
Monsieur VEDEL : Mais, dans ce cas, le secret du vote n'est pas oavantage levé. Il en est différemment si le bulletin comporte des mentions manuscrites.
Monsieur le Président : Il est en effet difficile, dans l'hypothèse évoquée, d'identifier l'auteur du vote.
Monsieur VEDEL : Dans l'affaire de LA MALENE, il existait une raison particulière et supplémentaire. Dans une élection législative, on vote pour le candidat et le suppléant. L'identification du titulaire est différente de celle du suppléant. On ne trouve pas cette difficulté dans une élection uninominale pure. Je serais d'avis de réserver la jurisprudence pour les élections législatives et les scrutins de liste.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE est du même avis que Monsieur VEDEL.
Le rapport sur les Yvelines est alors adopté conformément aux conclusions du rapporteur.
Monsieur de CASTELBAJAC n'a pas d'observation particulière à présenter concernant les résultats établis par la Commission de recensement du département de la SEINE-ET-MARNE.
Monsieur de CASTELBAJAC sort de la salle des délibérés et Monsieur PALAU est introduit à lOh 45.
- SUR L'ESSONNE :
Monsieur PALAU : Je dirai, en premier lieu, que ce dossier mérite d'être distingué en raison de l'envoi massif de procès-verbaux communaux. Après examen, les motifs de cette transmission n'entraînent aucune conséquence sur les résultats : pour l'essentiel, la commission de recensement a cru bon d'envoyer trente-trois procès-verbaux auxquels n'étaient pas annexés les bulletins nuls, comme l'exige l'article L. 66 du code électoral. Il n'est plus possible de revenir sur ce défaut de transmission. C'est donc un fait à signaler mais sur lequel il faut passer pour ordre.
Ma seconde observation sera pour relever que les discordances entre le nombre des votants et celui des enveloppes trouvées dans l'urne restent minimes 80 pour 520 000 électeurs. De plus, il est difficile de repérer les bureaux de vote où apparaissent les écarts.
En ce qui concerne les réclamations ou observations, on trouve vingt procès-verbaux qui portent des mentions particulières. Treize d'entre eux ne contiennent que des observations dont on ne peut tirer aucune conséquence pour les résultats. Après examen des sept autres réclamations, je n'en évoquerai qu'une seule elle vise le nombre- insuffisant d'isoloirs dans deux bureaux de vote à Palaiseau.
Monsieur le Président :
insuffisance ?
A-t-on relevé des incidents liés à cette
Monsieur PALAU : Non.
Monsieur le Président : C'est donc réglé, même si cette situation est regrettable car le maire intéressé ne remédiera pas à la situation.
Monsieur PALAU : En conclusion, je ne propose aucune modification des résultats arrêtés par la commission de recensement.
Monsieur PALAU se retire et Monsieur STIRN est introduit.
-
Monsieur STIRN : Le procès-verbal de la commission de recensement ne fait apparaître aucun écart entre le nombre des votants et celui des enveloppes trouvées dans l'urne. On signale deux réclamations insignifiantes parmi lesquelles celle concernant un affichage tardif de la liste des assesseurs. La réclamation est peu étayée et ne décèle aucune fraude.
Monsieur VEDEL : La nouvelle est merveilleuse si la commission confirme l'absence de coût écart !
Monsieur STIRN : C'est une coïncidence un peu troublante.
Monsieur FABRE : On a dû régulariser.
Monsieur VEDEL : En tant que Doyen de la Faculté de Droit, j'ai connu des problèmes de ce type.
Monsieur FABRE : On peut en arriver â faire voter les morts.
Monsieur le Président : Il y a. eu régularisation, mais cela ne tire pas à conséquence
- SUR L'EURE :
Monsieur STIRN : Dans ce département, on retrouve la même coïncidence miraculeuse entre les émargements et les enveloppes trouvées dans l'urne. Aucune réclamation n'a été mentionnée.
La commission de recensement a procédé à trois rectifications d'erreurs matérielles.
Je propose de retenir les résultats qu'elle a arrêtés.
- SUR LA HAUTE-LOIRE :
Monsieur STIRN : N'apparaît pas davantage d'écart entre les votants et les documents trouvés dans l'urne. La commission de recensement a validé cinq suffrages qui avaient été à tort annulés. Aucune réclamation ne figure sur le procès-verbal. Je propose également d'entériner les résultats établis par la commission de recensement.
- SUR L'OISE :
Monsieur STIRN : Il existe quelques réclamations ponctuelles qui ne sauraient avoir d'incidence sur les résultats.
On dénombre 32 enveloppes dans l'urne de plus que le nombre des émargements sur un total de 374 594 inscrits ; ces 32 unités sont réparties sur onze cantons différents.
- SUR LE PUY-DE-DOME :
Monsieur STIRN : Le procès-verbal de la commission comporte aucune discordance et ne mentionne aucune
de recensement ne réclama t ion.
- (
- Monsieur STIRN : Le nombre d'enveloppe trouvées dans l'urne est supérieur de six unités à celui des émargements. La commission de recensement a par ailleurs validé à juste titre quatre bulletins regardés comme nuis par des bureaux. On relève enfin trois réclamations insignifiantes relatives, d'une part, au changement d'adresse d'un bureau de vote, d'autre part, à une non-inscription sur la liste électorale, enfin à un électeur qui s'est présenté à un bureau de vote erroné sans qu'il y ait eu néanmoins de double vote.
- SUR LE HAUT-RHIN :
Monsieur STIRN : On note une discordance portant sur 7 enveloppes. La commission de recensement a procédé â quelques rectifications d'erreurs matérielles et signale l'absence de transmission de bulletins nuis ou des listes d'émargement de la part de quatre communes. Il n'y a aucune réclama tion.
- SUR LA SEINE-MARITIME :
Monsieur STIRN : L'écart porte sur 96 unités dispersées entre de nombreux bureaux. Aucune réclamation n'a été mentionnée. Il n'y a pas de difficulté.
- SUR LA VIENNE :
Monsieur STIRN : Les réclamations signalées sont indigentes.
On compte 28 enveloppes de plus que le nombre des votants mais, à Blanzé, une réclamation, qui est davantage une observation, porte sur ce point et concerne un écart de deux unités : pour 609 émargements, 611 enveloppes ont été trouvées dans l'urne ; la commission de recensement n'en a pas tenu compte et il n'existe aucun autre indice de fraude. Faut-il, dès lors, rectifier cet écart de deux quand les 26 autres ne font l'objet d'aucune contestation et qu'il n'y a aucun indice de fraude ? Je ne vous propose pas de modification des résultats.
Le Conseil constitutionnel a approuvé les conclusions présentées par les rapporteurs. La séance, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 h 20. Madame LAROQUE est introduite en séance.
“
Madame LAROQUE : Dans ce département, il n'est fait état d'aucune réclamation. Le procès-verbal de la commission de recensement a été vérifié : il fait apparaître entre les votants et les enveloppes trouvées dans l'urne un écart de onze unités réparties dans l'ensemble du département avec un regroupement maximum de quatre dans le bureau de Gap Sud-Est.
Monsieur VEDEL signale une anomalie dans le pourcentage attribué, dans la fiche de synthèse, à Monsieur WAECHTER.
- SUR LE VAUCLUSE :
Madame LAROQUE : On dénombre vingt suffrages de plus que de votants avec un écart de sept à Saumane de Vaucluse.
La commission de recensement a signalé qu'elle n'avait pu procéder à toutes les vérifications possibles faute d'avoir disposé de certains bulletins nuis, mais ceci ne fait l'objet d'aucune réclamation. A Vaisons-La-Romaine et à Honteux, les contrôles d'identité ont été défaillants ; à Orange, manquait un isoloir selon les normes réglementaires ; mais tout ceci ne remet pas en cause la validité des résultats.
Monsieur MOLLET-VIEVILLE rectifie le pourcentage attribué, dans la fiche de synthèse, à Monsieur BOUSSEL.
Monsieur STIRN est à nouveau introduit en séance.
- SUR l'AUDE :
Monsieur STIRN : La discordance entre les suffrages et les émargements s'élève à 7. On peut signaler deux réclamations :
- l'une est relative au comportement des conseillers municipaux dans une commune, mais cela ne tire pas à conséquence ;
- l'autre réclamation fait état, dans deux bureaux (4ème et 6ème) de Carcassonne, de l'absence de vérifications d'identité systématiques : dans ces bureaux, il y eut 508 et 696 suffrages exprimés ; le fait est signalé par des électeurs et par la commission sans que soit alléguée l'existence d'une fraude malgré une attitude délibérée.
- SUR LA HAUTE-GARONNE :
Monsieur STIRN : On ne relève aucune discordance entre les émargements et les bulletins. On signale la méconnaissance de l'obligation pour les électeurs de passer par l'isoloir, mais il n'est fait état d'aucune circonstance particulière de nature àmettre en doute la sincérité du scrutin. Enfin, à Colombiers, il est dénoncé la remise de trois enveloppes à un même électeur sans qu'il soit apporté aucune précision sur l'identité de l'électeur, les circonstances et les conséquences des faits allégués.
- SUR LE GERS :
Monsieur STIRN : Il n'y a rien à signaler, à part une discordance de huit bulletins par rapport aux émargements.
- SUR LE TARN :
Monsieur STIRN : Quelques réclamations ont été formulées mais sans qu'elles puissent avoir une incidence sur les résultats : lacérations d'affiches du Front national et du Parti communiste à Castres, absence de délégués de candidats lors du dépouillement, défauts d'impression de bulletins au nom de Monsieur BOUSSEL, un refus de vote par procuration opposé à un Français établi hors de France.
La discordance entre les votants et les suffrages est limitée à 11 unités.
A 11 h 30, Monsieur BRIET est introduit en séance.
Monsieur BRIET : Aucune réclamation ne figure sur le procès-verbal.
L'écart entre les votants et les suffrages est de 9 unités réparties sur plusieurs bureaux.
- SUR LE CHER :
Monsieur BRIET : L'écart est de 17 suffrages concentrés sur deux villes, Bourges et Vierzon.
Une contestation s'est élevée à Vierzon concernant les opérations de dépouillement : celles-ci se sont déroulées selon une procédure non conforme aux règles du code électoral mais en suivant les usages en vigueur localement - on compte comme s'il s'agissait de billets de banque. Si une mention de ces faits a été portée au procès-verbal, rien ne permet de savoir si les résultats ont été faussés : il n'est allégué aucune fraude.
Monsieur le Président :
La respect du code électoral.
commission départementale Il faudra le rappeler.
doit veiller au
- SUR L'INDRE :
Monsieur BRIET : La commission de recensement a omis de remplir une colonne du procès-verbal. La discordance entre les émargements et les suffrages s'élève à 5. A Issoudun, une réclamation signale qu'environ dans 10 % des cas on a omis d'exiger la production d'une pièce d'identité de la part des électeurs.
- SUR NIEVRE :
Monsieur BRIET : Il n'y a rien de particulier à signaler.
Monsieur BRIET : unités réparties réclamations sur la présence d'un scrutin...
L'écart entre les votants et les suffrages est de 3 sur deux communes. On note un nombre important de des sujets bénins, tels que l'insuffisance d'isoloirs, portrait du Président de la République dans la salle du
- SUR L'YONNE :
Monsieur BRIET : La commission de recensement a ici également omis de remplir une des colonnes du procès-verbal. Elle ne mentionne aucune réclama tion.
Après que le Conseil eut approuvé les conclusions des rapporteurs, la séance a été levée à 11 h 40.
La séance est reprise à 14 h 25.
- SUR MAYOTTE :
Monsieur STIRN : L'écart entre les votants et les suffrages est de deux voix. Il n'y a rien de particulier â signaler.
- SUR LA POLYNESIE-FRANÇAISE :
Monsieur STIRN
décompte (1).
Il y a lieu de rectifier une erreur matérielle dans le
Des personnes ont voté en arborant un tee-shirt qui représentait l'image d'un candidat. Il semble que ce genre de pratique soit assez répandu en Polynésie française. Aucune suite ne paraît devoir être tirée.
“
Monsieur STIRN : Il n'y a aucun écart et aucune réclamation.
- SUR WALLIS-ET-FUTUNA :
Monsieur STIRN: Il n'y a rien de particulier à signaler.
Monsieur STIRN se retire.
Monsieur BRIET
lui succède.
- SUR LE GARD :
Monsieur BRIET : Il y a peu d'éléments à signaler. Dans une commune, une partie du contenu de l'urne a été renversée, mais les enveloppes ont été réintégrées.
La commission de recensement a retenu les chiffres résultant des listes d'émargement. Il y a 33 bulletins supplémentaires lorsqu'on prend en compte les suffrages exprimés. Mais il n'y a aucune réclamation.
- SUR L'HERAULT :
Monsieur BRIET :
Il n’y a aucune réclamation, de la part du président de la commission.
Il n'y a pas d'observation
L'écart entre le nombre des émargements et celui des bulletins trouvés dans l'urne est de 140 à Montpellier. Hais il se répartit entre les divers bureaux de vote de la commune sans qu'on ait le sentiment qu'il procède d'une fraude.
- SUR LE LOIR-ET-CHER :
Monsieur BRIET : Aucun écart entre les émargements et les enveloppes. Aucune réclamation.
- SUR LE NORD :
Monsieur BRIET : Aucune observation ni de réclamation. L'écart entre les émargements et les enveloppes est de 8.
Monsieur BRIET : La commission départementale a procédé à de nombreuses rectifications en conséquence de l'écart qu'elle a observé entre le nombre des émargements et celui des enveloppes.
La méthode retenue par elle ne me paraît pas pouvoir être admise. Elle consiste à retrancher l'écart entre les émargements et les bulletins à chaque candidat.
Monsieur le Président : On peut aboutir à un crédit négatif de voix pour un petit candidat.
Monsieur VEDEL : L'électeur devient un ectoplasme.
Le Conseil approuve Monsieur BRIET de s'en tenir à l'approche qu'il a retenue ce jour : pas de modifications des résultats sortis des urnes dès lors que l'écart ne dénote pas qu'il y a eu manoeuvre frauduleuse.
Monsieur BRIET poursuit son rapport en indiquant que dans la commune de Calais les présidents des 26ème et 27ème bureaux de vote se sont refusés à procéder au contrôle de l'identité des électeurs en dépit des observations réitérées du délégué local du Conseil constitutionnel. Il souligne que cette pratique est contraire à l'article L. 62 du code électoral.
Monsieur MOLLET-VIEVILLE demande à ce qu'on rappelle le texte de l' article L. 62.
Monsieur MAYER fait observer que l'invalidation proposée porte sur un nombre non négligeable de suffrages : 603 dans un cas ; 956 dans l'autre.
Monsieur le Secrétaire général indique au Conseil qu'en 1981 les opérations de certains bureaux de vote ont été invalidées dans l'hypothèse où l'absence de contrôle de l'identité des électeurs a été délibérée et persistante en dépit des observations faites par les organes de contrôle. Tout se passe comme si le Conseil entendait sauvegarder l'autorité de ses délégués.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE demande qu'on lui précise de quels bureaux de vote il s'agit. Se trouve-t-on dans une ville ou dans une commune ?
Dans nos petites communes, tout le monde se connaît. On n'exige pas la présentation d'une carte d'identité.
Monsieur BRIET rappelle que les irrégularités concernent des bureaux de la ville de Calais.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE poursuit : ce qui est important ici c'est le veto formel du président du bureau de vote, son refus de respecter le code, la position d'hostilité à l'égard des délégués du Conseil constitutionnel. Il faut le sanctionner. J'avoue que je ne comprends pas l'attitude du président du bureau de vote.
Monsieur le Président : La violation est constatée et délibérée.
Monsieur MAYER : On aboutit à sanctionner des candidats et des électeurs. Cela n'est pas très satisfaisant.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Que voulez-vous faire d'autre ?
Monsieur MAYER : Une sanction adaptée consisterait à priver le président du droit de présider un bureau de vote à l'avenir.
Monsieur le Président : Il est vrai que ce sont les électeurs qui sont victimes de l'entêtement d'un homme.
Monsieur MOLLET-VIEVILLE : Je me bornerai â trois remarques :
- il y a des délégués de chaque candidat ; qu'ont-ils fait ? ;
- il est certain que ces bureaux ont été mal présidés ;
- comment ne pas annuler ?
Monsieur MAYER : Pour ma part, je respecte les textes. Je montre, et ma carte d'électeur, et ma carte d'identité.
Monsieur le Président : Je montre aussi ma carte d'identité. On m'a même fait observer que j'ai vieilli par rapport â la photographie.
Monsieur FABRE : C'est parti d'où ? Qui a porté plainte ?
Monsieur BRIET : Le délégué du Conseil a été appelé au téléphone par le représentant d'un candidat. Il a été alerté par ce biais.
Monsieur FABRE: II y a donc eu une plainte "des" représentants des candidats.
Monsieur MAYER : Je persiste à regretter que l'on pénalise les candidats.
Monsieur le Président : La question posée au Conseil est simple. Il y a eu une abstention coupable de la part de présidents de bureaux de vote. La loi électorale a été violée. Devons-nous en tirer les conséquences ?
Le Conseil décide de suivre les propositions du rapporteur. Seul Monsieur MAYER émet une opinion contraire. Monsieur le Doyen VEDEL s'est abstenu d'opiner.
Une fois la solution acquise, Monsieur JOZEAU-MARIGNE s'interroge quelle va être la sanction pour le président du bureau de vote ?
15-
Monsieur le Président : On peut espérer que ce ne seront pas les mêmes personnes qui présideront au second tour.
- SUR LA SOMME :
Monsieur BRIET : Il y a un écart entre les émargements et les enveloppes. Cela concerne surtout Amiens. J’estime qu'il n'y a pas lieu à rectification.
Dans deux bureaux, le contrôle de 1 systématique. Le délégué du Conseil que celui qui s'est rendu à Calais.
identité des électeurs n'a pas été est moins sévère dans son rapport
Au cas d'espèce, je ne vous dans les deux bureaux.
propose pas d'annuler les opérations de vote
Monsieur le Président : Nous ne sommes pas sûrs du fait que l'absence de contrôle ait été
La différence de situation par rapport à Calais est suffisamment importante pour justifier au cas présent une différence de solution.
Monsieur BRIET se retire.
Monsieur ROBINEAU est introduit à 15 h 15.
- SUR LE CALVADOS :
Monsieur ROBINEAU : On note des écarts modestes : 10 sur 2 637 dans un bureau d'Hérouville, 43 sur 7 008 à Caen, 10 sur 724 dans une petite commune rurale. Ces écarts n'ont fait l'objet d'aucune réclamation et la commission de recensement a fait silence sur ces faits
Monsieur le Secrétaire général : Pourquoi proposer de modifier le nombre des votants ? (réduit de 339 478 à 339 319). Je voudrais être sûr du fait que la proposition de Monsieur le rapporteur soit en harmonie avec la position arrêtée par le Conseil ce matin.
Monsieur ROBINEAU : la commission a assimilé votants et bulletins trouvés dans l'urne.
Monsieur VEDEL : J'ai compris : on impute la différence sur les bulletins blancs et nuis : on a ainsi un
Monsieur ROBINEAU : La commission a effectué sans contestation un décompte exact mais elle a proclamé un mauvais chiffre.
Je ferai quelques remarques de détail supplémentaires : la commission de contrôle à Caen signale un nombre insuffisant d'isoloirs, des actes de vandalisme sur des panneaux d'affichage. Plus important, mais sans incidence, a été le saccage des urnes dans le 10 ème bureau de Bayeux (acte de soutien au F.N.L.K.S.), qui a entraîné un retard de 20 minutes pour l'ouverture du scrutin mais n'a donné lieu à aucune autre perturbation en cours de journée ni à aucune réclamation particulière.
- SUR L¹
Monsieur ROBINEAU : Aucune observation n'a été portée procès-verbal de la commission de recensement, ni sur Les chiffres sont exacts.
sur le
ceux des communes.
- SUR L'EURE-ET-LOIR :
Monsieur ROBINEAU : Le Président de la Cour d'appel a formulé quelques remarques mais elles sont sans incidence sur les résultats. L'écart constaté est de 36 affectant une quinzaine de bureaux, le maximum étan de 5 dans un bureau de 3 351 électeurs.
Monsieur ROBINEAU se retire.
- SUR LES ALPES DE HAUTE-PROVENCE :
Madame LAROQUE : Aucun incident n'a été signalé ; la commission a relevé que 14 communes ont omis de lui communiquer pour vérifications les bulletins déclarés nuis.
L'écart dans le département entre votants et bulletins trouvés dans l'urne est de 2.
- SUR LA MARNE :
Madame LAROQUE : Une réclamation préalable aux opérations électorales avait été formée visant la couleur des bulletins de Monsieur LE PEN : cette petite différence de brillance reste sans incidence.
Les procès-verbaux locaux mentionnent diverses observations ou réclamations : à Reims (16ème bureau), on signale un électeur inscrit dans la commune et dans un centre de vote à l'étranger, sans que soit allégué l'exercice d'un double vote ; dans le 15ème bureau, des bulletins LAJOINIE ont été momentanément dissimulés ; à Chalons-sur-Marne (7ème bureau), on critique des affiches dont le contenu ne serait pas autorisé ; dans le 17ème bureau de cette ville,
les vérifications d'identité ont été faites avec un certain laxisme au début du scrutin ; à la suite d'observations, la procédure a été rétablie mais quelques personnes ont refusé de s'y soumettre ; dans le 19ème bureau, une personne inscrite dans le 18ème bureau a voté, sans qu'un double vote soit allégué ; enfin, dans une petite commune de 49 habitants, le scrutin a été interrompu entre 11 heures et 12 heures, mais il s'avère que 37 citoyens ont voté et cet incident n'a pas donné lieu à réclamation.
Monsieur FABRE commente : pas de civisme, mais de l'efficacité.
- SUR LA CORSE DU SUD :
Madame LAROQUE : La commission de recensement a rectifié un écart entre votants et bulletins trouvés dans l'urne. Aucune réclamation n'est présentée. Le procès-verbal mentionne l'absence de la liste d'émargement dans un bureau, sans davantage de précision.
Madame LAROQUE se retire.
Monsieur de CASTELBAJAC est introduit à 15 h 35.
- SUR LES HAUTS-DE-SEINE ET SUR LA SEINE MARITIME :
Monsieur de CASTELBAJAC : Aucune observation à présenter. Les chiffres des commissions de recensement sont corrects.
Monsieur le Président : Je vous remercie de ce rapide passage !
Il donne lecture du rapport du Président de la Cour d'appel sur les opérations électorales dans le Val-de-Marne.
Monsieur de CASTELBAJAC se retire.
Monsieur PALAU est introduit.
- SUR L'ARDECHE :
Monsieur PALAU : Les chiffres de la commission sont concordants. Aucune réclamation n'a été formulée.
- SUR LE LOT :
Monsieur
PALAU
Je ne propose aucune modification.
Monsieur VEDEL
Champion le Lot pour le nombre de votants !
- SUR LE TARN ET GARONNE :
Monsieur PALAU : C'est la même chose : pas de modification.
- SUR LA HAUTE-VIENNE :
Monsieur PALAU : il n'y a pas eu d'incident notable.
Monsieur le Président : L'ordre républicain règne â merveille !
- SUR LA DROME :
Monsieur PALAU : Les vérifications comptables conduisent à rectifier le nombre des inscrits pour les réduires de 274 892 â 274 836.
- SUR LE CANTAL :
Monsieur PALAU : Rien à signaler.
- SUR LA COTE-D'OR :
Monsieur PALAU : Une réclamation est mentionnée dans un procès-verbal, relative à la composition irrégulière d'un bureau faute d'avoir sollicité les conseillers municipaux conformément aux règles du code électoral. Il n'est pas établi ni même allégué que cet incident ait eu une incidence sur la sincérité du scrutin.
Monsieur PALAU se retire.
Madame LAROQUE est introduite à 15 h 45.
- SUR LA HAUTE-CORSE :
Monsieur le Secrétaire général cite les dispositions de l'article L. 66 du code électoral.
Monsieur FABRE : Cette situation a un caractère presque merveilleux ! Ce n'est pas comme pour les législatives.
Monsieur le Président, avec ironie : Le département de Haute-Corse pourrait mieux faire (sous-entendu en matière de fraude).
Madame LAROQUE : Il n'y a pas de réclamation.
Monsieur le Président : Nous suivons vos conclusions. Madame le rapporteur ,
- SUR LE VAR :
Madame LAROQUE : Aucune observation n'a été mentionnée. L'écart entre votants et bulletins trouvés dans l'urne est de 43. La fiche de synthèse qui vous a été communiquée comporte une erreur en ce qui concerne le nombre de suffrages exprimés qui s'élève à 433 521.
Madame LAROQUE se retire.
Monsieur STIRN est introduit à 15 h 50.
- SUR L'ARIEGE :
Une réclamation visant le vote effectué par deux électeurs français établis à l'étranger ne comporte pas de précision suffisante pour être prise en considération.
Les mandataires de Messieurs CHIRAC et LAJOINIE ont formé une protestation à propos d'un article paru dans la "Dépêche du Midi" du 23 avril 1988 qui faisait le point sur la situation électorale dans le département et se livrait â des pronostics. Cette publication est regrettable la veille du scrutin mais ne paraît pas avoir eu d'incidence.
Monsieur FABRE : Dans la revue de presse, j'ai constaté que des journaux parus le samedi matin, veille du scrutin, faisaient le rappel des meetings tenus la veille.
Monsieur le Secrétaire général : On peut interpréter ces faits comme contraires a la loi sur les sondages, mais on peut aussi considérer ces articles comme de simples analyses et des pronostics de journalistes.
A 16 heures, la séance, faute de nouveaux suspendue. Elle reprend
avec
rapports disponibles, est les rapports de Monsieur PAUTI.
SUR LA CHARENTE :
Monsieur PAUTI
Il n'y a rien à signaler
Monsieur le Président.
SUR LA GIRONDE :
Monsieur PAUTI : Rien de particulier, Monsieur le Président.
LES LANDES
Monsieur PAUTI : Il y a un léger écart entre les émargements et les enveloppes trouvées dans l'urne. Mais cet écart est faible.
Monsieur le Président : Sur votre fiche, à partir des mêmes données, on aboutit à des résultats différents.
Monsieur PAUTI :
Par rapport recensement, il faut majorer
à ce qu'a retenu la commission de de trois le nombre des suffrages exprimés.
- SUR LES PYRENEES-ATLANTIQUES :
Monsieur PAUTI : Aucune réclamation ; aucune irrégularité.
- SUR LES HAUTES-PYRENEES :
Monsieur PAUTI : Il y a quelques observations mais c’est tout à fait
A Tarbes, les bulletins au nom de François MITTERRAND étaient un peu plus blancs. On relève également une erreur de dépouillement d'une unité. Il y a des observations éparses qui n'ont aucune incidence sur les résultats.
- SUR LA SAVOIE :
Monsieur PAUTI : Il n'y a rien de significatif. J'indique simplement au Conseil que dans la petite commune de Cellier, qui compte 66 inscrits, le bureau de vote n'a pas été ouvert le matin du premier tour. Il y a eu grève des urnes de la part du maire. Mais tout est rentré dans l'ordre à partir de midi.
- SUR LES DEUX-SEVRES :
Monsieur PAUTI : Il y a une seule réclamation. Elle concerne la commune de La Foi-
Monsieur ROBINEAU succède
-
SUR LA
MANCHE
:
- SUR LA SARTHE :
Monsleur ROBINEAU : L'écart entre émargements et enveloppes est de 129 pour le département, dont 69 au Mans où il y a 76 000 électeurs.
Je propose une modification de pure forme en ramenant le chiffre des votants de 298 184 à 298 055.
- SUR L'ORNE :
Monsieur ROBINEAU : Ici aussi une rectification de pure forme conduit
- SUR LES COTES-DU-NORD :
Monsieur ROBINEAU : Les écarts sont de 30 unités dont 10 à Saint-Brieuc Nord sur 8 514 votants. La commission a procédé à des rectifications sans qu'aucune réclamation ne soit mentionnée : il s'agissait d'un vote par procuration sans signature qui a été admis après enquête et d'une erreur de comptabilisation.
Monsieur ROBINEAU se retire
Monsieur de CASTELBAJAC est introduit à 17 h 25.
- SUR LE VAL-DE-MARNE :
Monsieur de CASTELBAJAC : J'ai procédé aux calculs que vous m'aviez demandés,
Monsieur le Secrétaire général : Le Val-de-Marne fait problème. Il convient de rappeler que lors des élections municipales de 1983 une fraude très importante y avait été constatée.
Ici les taux sont anormaux et excessifs. A Gentilly, le magistrat a été alerté, même si le procès-verbal ne mentionne pas de réclamation ;
Monsieur le Président : Le rapport du Président DRAI fait également état d'irrégularités très préoccupantes :
"- â CHA
-
- à VITRY-SUR-SEINE :
. au 36ème bureau de vote, un assesseur affirme avoir vu le président de ce bureau introduire des bulletins dans l'urne ;
. au 9ème bureau de vote, un assesseur affirme avoir vu le président du l
. dans ces bureaux ainsi que dans le 37ème bureau, le nombre des enveloppes s'est avéré sensiblement supérieur aux émargements " .
Je pense qu'il y a un seuil au-delà duquel cela n'est pas possible de laisser passer ; mais quel est ce seuil ?
Monsieur VEDEL : Le problème est celui de la sanction. Ou bien on annule ou bien on procède à une répartition proportionnelle. La solution la plus satisfaisante est l'annulation.
Monsieur MOLLET-VIEVILLE : Il y a trois étapes
Monsieur le Président : Sur ce point de fait concernant le bourrage des urnes, le rapport DRAI vise les 36ème et 9ème bureaux.
Monsieur le Secrétaire général : Le rapport de la préfecture mentionne également le 37ème bureau.
Monsieur le Président
Monsieur de CASTELBAJAC : La préfecture est prête à nous transmettre les procès-verbaux de ces bureaux, mais il est fait état de protestations formelles dans le rapport de la commission de recensement : "Les opérations de vote au l
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : La seule formule, pour sanctionner, est l'annulation. A partir de quel seuil censurer ? 5 %. On dénombre quatre bureaux dépassant ce seuil de 5 %. Il faut s'arrêter là. A chaque consultation électorale, les tribunaux administratifs sont saisis ; mieux, les judiciaires ont sanctionné des agents municipaux et, de plus, appartenant au même parti.
Monsieur VEDEL : Sur le 6ème bureau d'Ivry, y-a-t-il réclamation ?
Monsieur le Secrétaire général : Selon la préfecture, il n'y en a pas.
Monsieur FABRE : L'annulation porterait sur environ 3 000 suffrages.
Monsieur le Président : Le seuil de 5 % me paraît être celui au-deç
Monsieur le Secrétaire général : Le Conseil d'Etat n'a pas cette jurisprudence, car il ne se prononce que sur la validité d'une élection acquise. Dans ces conditions, et pour avoir - si j'ose dire - la conscience tranquille (c'est-à-dire ne pas admettre un élu dont l'élection est fondée sur un bourrage d'urne), il procède au raisonnement suivant : il fait supporter au candidat proclamé élu le double retranchement des suffrages litigieux sur le nombre des votants et sur les voix obtenues par le candidat arrivé en tête ; il vérifie alors si celui-ci reste encore en mesure de l'emporter ? Mais il y a aussi l'hypothèse où l'écart est tel que l'admettre ce serait se moquer de la démocratie (cf. commune de Corte).
Ici, nous sommes en présence, dans le sens exprimé par Monsieur JOZEAU-MARIGNE, de clignotants dans quatre bureaux où l'écart est supérieur à 5 %. Si nous recherchons des éléments pour corroborer, nous disposons du rapport des délégués sur Vitry. La conjonction des critères quantitatifs et qualitatifs conduit à l'annulation.
Pour Gentilly et Fontenay-sous-Bois, les écarts sont supérieurs encore. Or, à Gentilly, est signalée une anomalie avant que la situation devienne régulière ; cela entraîne l'annulation. En revanche,
Monsieur le Président : Si l'écart s'élevait à 12 % ou 14 %, que ferions-nous ?
Monsieur VEDEL : Une sanction me paraît inadaptée, celle de la réduction proportionnelle sur les voix des candidats en présence. La réduction n'aurait de sens qu'au niveau national.
Au point de vue logique, l'existence de désordres rend les résultats non fiables ; on sanctionne des fraudeurs et des négligents qui ont laissé une élection devenir une foire. Je suis favorable à l'annulation des quatre bureaux. Ce sera un coup de semonce.
Monsieur FABRE : D'après la fiche, les écarts dans les cas douteux de ce département s'élèvent à 365 unités : cela tend à prouver la fraude.
Monsieur VEDEL : Comment pourrait-on considérer comme valables des opérations où 5%, 6 %, 8 % des bulletins n'ont pas été déposés par des électeurs ?
Monsieur MOLLET-VIEVILLE : Je reprends entièrement la thèse ici soutenue d'une façon générale, mais je tiens beaucoup à un point particulier : si des témoins ont vu un geste de bourrage d'urne, qu'il s'agisse d'une ou cie quinze enveloppes, on annule.
Monsieur le Secrétaire général : La règle ne peut être absolue. On ne peut annuler lorsque la tentative de bourrage a avorté, comme cela a été le cas pour un bureau
Monsieur LECOURT : En ce qui concerne les propos de Monsieur MOLLET-VIEVILLE, il faut remarquer que les faits sur lesquels il s'appuie n'ont pas un caractère de certitude. Le rapport DRAI fait état d'affirmations de certaines personnes,
En revanche, pour les quatre bureaux dont il s'agit, j'irai plus loin que notre Secrétaire général : on y trouve un chiffre caractérisé ; même si cela n’est pas un critère absolu, il faut aller jusqu'à croire qu'il y a fraude, quand bien même elle n'aurait pas été décelée, et par conséquent il faut sanctionner.
Le Conseil ne peut distinguer selon les cas, dès lors que les chiffres sont importants. Une telle distinction serait trop subtile à mettre en oeuvre et la sanction de la réduction proportionnelle s'avère inapplicable.
Monsieur VEDEL : Pour appuyer le sentiment de Monsieur LECOURT, je crois qu'il faut adopter quelque chose de simple, d'objectif : au-delà d'un certain, chiffre, il y a présomption d'irrégularité, absence de fiabilité.
Monsieur le Président : C'est en effet l'indice d'irrégularité suffisant pour sanctionner. Ce qui me gêne, c'est le cas d'un taux de 5,16 %, proche du seuil, avec un nombre important de votants. Plutôt que d'annuler pour tous, ne pourrait-on pas réduire de 5 % les suffrages de chacun ?
Monsieur VEDEL : Nous annulons parce que nous estimons que le scrutin n'est pas fiable ; qu'il y a dénaturation du scrutin ; que ce n'est pas un vrai scrutin. Si tel est le cas, il n'y a pas d'aménagement à en tirer. Que ce soit par fraude ou par négligence, nous n'acceptons pas ce genre de scrutin. Nous sommes bien placés parce que nous atteignons les responsables du bureau de vote.
Monsieur FABRE : Quand on dispose de deux clignotants, le franchissement de la barre de 5 % et des dénonciations, l'annulation s'impose. Quand le Président DRAI dénonce, on peut y aller ; mais quand l'auteur de la dénonciation est une personne anonyme, cela reste douteux.
Monsieur le Président : A partir de 5 %, l'affaire est d'une grande clarté : le scrutin n 'est pas fiable.
Monsieur VEDEL : La seule sanction de la fraude, c'est de la dénoncer dans la motivation. Tant en ce qui concerne le seuil qu'en ce qui concerne la sanction, nous portons une appréciation objective sur la régularité du scrutin.
Monsieur le Président :
Le seuil de 5 % système de Monsieur VEDEL est simple et
n'est pa s doit être
énorme, mais le retenu continuement.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE
Monsieur le Président
Monsieur le Secrétaire général : Cela vaut pour l'élection présidentielle ; pour les élections législatives, on peut adopter le système du Conseil d'Etat qui est plus souple et mieux adapté à la variété des situations.
Monsieur de CASTELBAJAC : Pas d'observation.
Monsieur de CASTELBAJAC se retire.
Monsieur BRIET est introduit à 18 h 05.
- SUR L'INDRE-ET-LOIR :
Monsieur BRIET : L'écart est de 138 voix dispersées sur l'ensemble du département et
Monsieur BRIET se retire.
Monsieur BERTHET est introduit.
- SUR LA MARTINIQUE :
Monsieur le President
Monsieur BERTHET : Je dois signaler deux des réclamations les plus importantes. Un incident a eu lieu à propos d'un bulletin de vote portant un signe distinctif ; mais le procès-verbal ne mentionne aucune observation sur ce point. Dans un bureau, on critique le fait que le procès-verbal n'ait pas été ouvert dès le matin. Deux autres réclamations ponctuelles : l'une, non signée mais émanant d'un délégué, signale qu'une personne a été empêchée de voter, le juge l'ayant autorisée à exercer son droit de vote trop tard ; l'autre vise une personne ayant fait l'objet d'une radiation des listes,mais y figurant wujours, qui a voté. Un autre cas concerne une personne gui a constaté,
Monsieur le Président : C'est très désagréable : quelqu'un a usurpé la qualité de citoyen.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Cet électeur devra se présenter au 2ème tour dès l'ouverture du scrutin.
Monsieur BERTHET se retire.
Monsieur PALAU est introduit à 18 h 20.
- SUR L'AVEYRON :
Monsieur PALAU : Pas de modification proposée. Le Président de la Cour d'appel signale un défaut de vérification des identités, notamment â Villefranche-de-Rouergue, mais aucune réclamation n'a été présentée sur ce point.
Monsieur FABRE : On se connaît tous.
Monsieur PALAU : Pas de réclamation. Pas de modification.
- SUR LE RHONE :
Monsieur PALAU : On dispose d'un compte-rendu très détaillé qui mentionne des petites irrégularités sans incidence.
- SUR L'AIN :
Monsieur PALAU : A Divonnes-les-Bains, à 18 heures, 310 électeurs attendaient encore pour voter à l'extérieur du seul bureau de vote, mais ils ont pu tous accéder aux urnes.
- SUR LA CREUSE :
Monsieur PALAU : Rien à signaler.
- SUR LE JURA :
Monsieur PALAU : La commission de recensement général signale une différence entre le nombre des suffrages exprimés et le total des suffrages recueillis par chacun des candidats, mais elle n'a procédé à aucune rectification. Je propose d'ajouter une unité aux suffrages expr imés.
"
Monsieur PALAU : Rien
Monsieur PALAU se retire.
Madame LAROQUE est introduite à 18 h 30.
“
Madame LAROQUE : Quelques incidents sans conséquence sont mentionnés dans les procès-verbaux : présence dans les mêmes lieux de trois urnes placées sous une surveillance commune, pratique momentanée de remise de certains bulletins à des électeurs, défaut de bulletins CHIRAC pendant 25 minutes.
- SUR LA MEUSE :
Madame LAROQUE : On n'observe aucun écart, sans doute en raison des corrections effectuées par la commission de recensement. On signale la composition irrégulière d'un bureau. C'est sans incidence. La commission de contrôle a Bar-le-Duc, a constaté, dans plusieurs bureaux, une méconnaissance des règles des articles R. 65 et R. 66 (absence de feuilles de pointage) mais aucune intention frauduleuse n'a été décelée dans ce qui paraît être un usage local, selon les dires du maire.
Monsieur le Président
Il faut appeler l'attention sur le respect de la
- SUR LES VOSGES :
Madame LAROQUE :
Pas de rectification. A signaler simplement : à
Gérardmer, le nombre des isoloirs est insuffisant ; dans une commune de 51 habitants, par suite d'un sinistre, le bureau de vote a dû être installé chez le maire.
- SUR LES ALPES-MARITIMES :
Madame LAROQUE : Un écart de 30 voix. Sur un procès-verbal est mentionnée une observation concernant des électeurs établis â l'étranger, nais aucune précision n'est donnée sur l'identité des personnes visées. On doit observer que l'absence de vérification des identités est assez fréquente. A été également signalée l'absence momentanée de bulletins LE PEN et BOUSSEL. A Roquefort-les-Pins, le dépouillement par "empilage" a fait apparaître des écarts de 10 â 30 voix.
- SUR LA HAUTE-MARNE :
- SUR LES ARDENNES :
Madame LAROQUE : La commission de recensement a supprimé l'écart existant de 18 unités. Le procès-verbal du
L'origine de ces incidents provient de la position adoptée par la Présidente de la commission de contrôle qui s'en explique dans son rapport : après avoir cité les articles L. 62 et R. 60, elle déclare : "attendu que, pour ce qui est des usages établis, la preuve par deux témoins utilisée de façon constante à chaque élection doit être admise ; attendu qu'au regard de la hiérarchie des normes, le simple fait qu'un arrêté ministériel ait prévu un nombre limité de preuves ne saurait interdire le recours aux usages établis dès lors que celui-ci est visé par un texte législatif".
Monsieur VEDEL : Il s'agit d'une élève rigoriste d'Eisenmann ! Mais ce raisonnement est excessif.
A 18 h 50, la séance est levée, les propositions des rapporteurs étant considérées comme approuvées.Séance du 27 avril 1988
Monsieur le Président ouvre à 9 h 30 la séance en présence- tous les membres, excepté Monsieur SIMONNET excusé. Monsieur PAUTI est introduit.
Monsieur PAUTI :
Sur la CHARENTE-MARITIME :
La commission de recensement a rectifié une erreur matérielle commise à Oloron sur le nombre des suffrages exprimés. Parmi les réclamations, celle du mandataire de Monsieur LAJOINIE à Saint Jean d'Oloron vise la composition du bureau de vote réalisée en méconnaissance de l'article R. 44 du code électoral, mais l'existence d'une demande de participer au bureau de la part -de délégué n'est pas établie. Dans deux communes il est fait grief à trois personnes d'avoir voté sans être inscrites : ces faits sont sans incidence sur les résultats.
sur la DORDOGNE :
En l'absence de toute réclamation, il est proposé de valider les résultats établis par la commission.
Le procès-verbal de la commission mentionne, d'une part, des critiques du délégué de Monsieur MITTERRAND sur la procédure de dépouillement non conforme aux prescriptions de l'article L. 65, sans que ces griefs soient précisés et, d'autre part, un défaut d'approvisionnement en bulletins au nom de Monsieur LAJOINIE sans que soient indiqués les bureaux de vote concernés ni l'existence de réclamation particulière (on notera que Monsieur LAJOINIE recueille 6,84 % des suffrages, soit un pourcentage proche de celui en métropole).
(Monsieur JOZEAU-MARIGNE quitte la salle).
Sur la LOZERE :
Monsieur PAUTI : Le fonctionnaire du ministère de l'intérieur qui a
Monsieur le Secrétaire général indique aux membres du Conseil qu'en ce qui concerne les écarts éventuels entre les émargements et les enveloppes, tous les rapporteurs ont été pleinement mis au courant de la doctrine adoptée par le Conseil au cours de sa séance de la veille. Il signale que l'idée selon laquelle un écart trop important est, au-delà d'un certain seuil l'indice d'une fraude de nature à vicier l'ensemble des opérations, n'est pas absente de la jurisprudence du Conseil d'Etat (cf. CE 12 mai 1978, Elections d'Egletons).
Monsieur MAYER : C'est en Corrèze.
Sur les PYRENEES ORIENTALES :
Monsieur PAUTI : La Commission de recensement a procédé à quelques erreurs matérielles.
Sur la HAUTE-SAVOIE :
La commission signale qu'à Annecy-le-Vieux, 8400 votants, la vérification des identités n'a pas été constante et que dans une autre commune il y a eu une alerte à la bombe, restée sans incidence, les membres du bureau ayant gardé stoïquement leur place.
Monsieur ROBINEAU est introduit (9 h
Monsieur ROBINEAU :
Sur le FINI
Il convient d'opérer une rectification mineure du nombre des inscrits en ajoutant deux unités. Les écarts sont de 74 répartis sur 24 bureaux avec un maximum de 12 à Brest, 3ème bureau, et de 10 à puinperlé, ce qui donne des pourcentages minimes.
Sur le MAINE ET LOIRE :
Ici aussi il faut procéder à la rectification d'une simple erreur matérielle dans le décompte des exprimés. Les écarts sont de 75 distribués sur 28 bureaux avec des maxima de 10 ou 11 unités dans les bureaux importants d'Angers.
Sur la MAYENNE :
On signale des intermittences dans le contrôle des identités
Les écarts touchent 16 bureaux avec un maximum oe 12 dans une commune de 965 votants.
Sur le MORBIHAN
Il s'agit de valider les rectifications effectuées par la commission de recensement. L'écart s'élève à 37 voix réparties sur de nombreuses communes.
Sur la MOSELLE :
La commission de recensement a
rectifié â bon droit des erreurs.
A Forbach on signale un retard dans la composition d’un bureau sans autre allégation de fraude.
Sur la HAUTE-SAONE :
La commission de recensement a validé à juste titre des bulletins déclarés nuis. A
Sur la VENDEE :
La rectification d'erreurs purement matérielles conduit à minorer le nombre des suffrages exprimés. Quatre réclamations mineures sont mentionnées : des procès-verbaux ont été signés uniquement par le président et le secrétaire sans que soit alléguée une fraude ; une personne non inscrite a voté ; deux électeurs inscrits dans un centre de vote à l'étranger ont voté en métropole ; un dépouillement a été organisé sur deux étages différents.
sur le TERRITOIRE DE BELFORT :
Pas d'observation.
Sur la LOIRE-ATLANTIQUE :
Un bureau a été oublié ; nous attendons des précisions de la Préfecture.
Madame LAROQUE est introduite (10 heures) et Monsieur JOZEAU-MARIGNE revient en séance.
Madame LAROQUE
Sur les BOUCHES DU RHONE :
Aucun incident majeur n'est
Monsieur le Président :
Il faudra
signa 1er
cette
erreur .
Madame LAROQUE : Aucun fait allégué ne paraît avoir un effet notable : insuffisance de panneaux d'affichage, inadaptation des locaux, contrôle d'identité intermittent, refus d'associer à la vérification d'identité des assesseurs malgré l'injonction de la commission de contrôle mais seulement deux personnes n'ont pu être contrôlées, listes électorales tenues de façon incomplète (défaut de précision sur les procurations dans six bureaux de Marseille), vote d'un électeur établi à l'étranger nais sans indication précise, querelles sur la désignation des assesseurs, ouverture retardée de 15 minutes sans qu'il soit allégué que cette circonstance ait fait obstacle à l'exercice du droit de vote, défaut momentané d'approvisionnement en bulletins, affiche incinérée par un membre suppléant d'un bureau avec menaces proférées par un groupe de personnes, absence de transmission des bulletins nuis.
Sur
Madame LAROQUE : Ce dossier soulève plus de problèmes. La commission de recensement n'a pas arrêté définitivement son procès-verbal on dispose des listings mais les chiffres ne sont pas repris dans le procès-verbal lui-même.
En effet, la commission a estimé n'être pas en mesure d'établir les résultats à Troyes et, en raison des incertitudes entachant le procès-verbal du 1er bureau de Bar-sur-Aube, a exclu les résultats des trois bureaux de cette commune.
Je propose de maintenir les résultats du 1er bureau de Troyes et d'exclure ceux du 2ème bureau de cette ville, de réintégrer les chiffres des 2ème et 3ème bureaux de Bar-sur-Aube tout en écartant ceux du 1er bureau de cette ville.
D'où proviennent les difficultés rencontrées par la commission ?
On relève des discordances, au 1er bureau de Troyes, entre les deux exemplaires de feuilles de dépouillement : la différence est minime (écart de 3 ) .
En revanche, les décalages, pour le 2ème bureau de Troyes, sont de 16 unités (504 ou 520) selon que l'on se réfère au procès-verbal ou aux feuilles de pointage. Il est impossible de reconstituer un pointage correct.
Monsieur VEDEL : Nous serions tentés de calculer le pourcentage, mais ce n'est pas ici le même problème qu'auparavant : il s'agit de la fiabilité des divers documents de dépouillement.
Madame LAROQUE : L'incertitude porte sur le chiffre des exprimés.
Les discordances apparaissent non seulement entre le procès-verbal et les feuilles de dépouillement mais aussi entre ces feuilles de pointage.
A Bar-sur-Aube, les documents du 1er bureau comportent des ratures, des surcharges elles-mêmes corrigées.
Monsieur le Président : Il faut annuler ; le Conseil vous suit dans toutes vos propositions.
Monsieur STIRN est introduit (10 h 15).
Sur la REUNION :
Monsieur STIRN : Les difficultés dans ce département sont dues à une pratique locale et â l'attitude adoptée par la commission de recensement. Votre délégué n'a néanmoins relevé aucune irrégularité significative. On a l'habitude de remplir les feuilles d'émargement lors du contrôle d'identité et non pas au moment du vote, ce qui provoque des discordances. L'autorité préfectorale souhaiterait que soit rappelée la nécessité de respecter les prescriptions du code électoral. Les écarts constatés étaient de 32 sur 37000 à Saint Denis et de 36 sur 21000 à Saint Pierre. La commission de recensement a cru devoir réduire proportionnellement les suffrages des candidats. Cette position est sans doute exagérément rigoriste, mais n'a pas été critiquée. Il n'y a pas lieu, me semble-t-il, d'y revenir en l'absence tant de réclamation que de fraude.
Monsieur FABRE : C'est contraire à ce que le Conseil a décidé.
Monsieur le Président : En effet, même si j'étais personnellement favorable à cette solution.
Monsieur VEDEL : La doctrine est claire : on fixe un seuil ; au-delà de ce seuil, on annule ; en-deçà, on considère que les bulletins trouvés dans l'urne sont en nombre égal aux votants. On pourrait ici faire machine arrière sauf si on devait rencontrer des difficultés techniques qui exposeraient le Conseil constitutionnel â des risques d'erreur, ce qui paraît être le cas.
Monsieur le Président : De plus, la commission a suivi lesindications données par le délégué du Conseil constitutionnel.
Monsieur le Secrétaire général : J'ai été prévenu par le délégué au téléphone sans m'opposer à la procédure envisagée. Après avoir constaté les problèmes qui se passaient à Paris je lui ai recommandé de ne rien modifier. Mais cela était matériellement très difficile à ce moment.
Il est décidé de ne pas modifier, en
Une commission installée au ministère des affaires étrangères est chargée du recensement des centres de vote â l'étranger. Dans un premier état, le procès-verbal qu'elle a établi comportait des erreurs matérielles ; dans sa deuxième version, ne subsiste qu'une seule erreur concernant Buenos-Aires. Sur le déroulement des opérations de vote, vos délégués ont pu exercer leur contrôle au Gabon, à Madagascar, à Abidjan, à Dakar et au Maroc (1). Au titre des incidents, on signale au Gabon le passage d'un clip-vidéo sur une chaîne de télévision locale après la clôture de la campagne électorale ; à Douala, le Conseil a commis une erreur sur l'heure de fermeture lors de son annonce initiale faite le 23 mars, erreur rectifiée le 20 avril : cinq électeurs se sont présentés entre 18 h et 20 h dont quatre n'avaient pas été destinataires de la lettre.
Monsieur le Président : Un blâme pour le Consul !
Monsieur BRIET est introduit (10 h 15).
Monsieur BRIET : Sur la GUYANE :
Ecart de deux voix, aucune réclamation ni difficulté particulière.
La séance est suspendue pour être reprise à 11 h 05.
Monsieur STIRN : Sur la GUADELOUPE :
Le recensement a donné lieu à quelques difficultés ; je vous propose deux séries de rectifications : 1) Tout d'abord redresser des erreurs matérielles de calcul ; il faut ajouter deux unités aux suffrages exprimés et retrancher 16 voix â Monsieur LAJOINIE.
je propose en conséquence l'annulation de 326 suffrages.
Monsieur le Président : Aucune hésitation si notre délégué a fait des observations et n'a pas été entendu.
Monsieur ROBINEAU est introduit (11 h 10).
Monsieur ROBINEAU : Sur la LOIRE-ATLANTIQUE :
Le Préfet a signalé que la commission de recensement avait omis de prendre en compte les résultats d'un bureau. On a obtenu les résultats complets par télex et confirmés au téléphone par le président de la commission. Aucune réclamation n'a été formulée. L'écart est de 127 voix réparties sur 50 communes.
La séance, suspendue dix minutes, est reprise à 11 h 25 pour l'examen du projet de décision préparé par Monsieur le Secrétaire général au vu des décisions prises par le Conseil, il ne donne lieu qu'à des modifications d'ordre purement rédactionnel. La séance est interrompue jusqu'à 12 h 10.
Audition de Monsieur MASSOT, délégué du Conseil en Nouvelle-Calédonie :
Monsieur le Président : Je suis sensible â l'effort auquel vous avez consenti en vous rendant en Nouvelle-Calédonie et en venant, au saut de l'avion après un long voyage, rendre compte au Conseil. Tout ce que vous direz sera très important, je souhaite que vous exposiez les faits avec précision.
Monsieur MASSOT : Je crains de décevoir votre attente de précision : je n'ai pas encore eu le temps d'examiner l'ensemble des observations portées sur les documents électoraux qui étaient placés sous pli scellé et qu'il m'était difficile d'ouvrir dans l'avion en présence des voyageurs. Il me semble qu'il s'agit d'observations ponctuelles, je n'ai pas repéré, à une lecture rapide, d'observations de fond ou â caractère général, mais il me faudra en refaire le recensement précis.
Je reprendrai le contenu du télex que j'ai adressé le soir même du scrutin : il reflète bien mon sentiment d'aujourd'hui. Il y a un contraste frappant entre, d'une part, des bureaux de vote où les opérations se sont très mal passées ou ne se sont pas du tout passées et, d'autre part, un grand nombre de bureaux, à Nouméa et sur la Côte Ouest, où le scrutin a été normal.
Une première précision peut être apportée. Nous avons surestimé le nombre de bureaux qui n'ont pas du tout ouvert : au lieu de 23 il faut retenir le chiffre 13. Cela dit, il y a davantage de bureaux où la durée d'ouverture a été réduite. Ainsi sur l'île de Mare, voisine de l’île d'Ouvéa, des troubles sérieux dès le matin se sont produits ; l'ouverture des bureaux a été intermittente en fonction des interventions successives des forces de l'ordre acheminées par hélicoptère ; la durée d'ouverture y a été inférieure à une heure, tout cumulé. Quelle conséquence en tirer ? Que peut-on annuler ? Les quelques suffrages exprimés l'ont été valablement.
Monsieur le Président : Autour des bureaux le libre accès était-il assuré ?
Monsieur MASSOT : On ne peut prétendre qu'il y ait eu liberté d'accès en raison des barrages dressés sur les voies et gardés par des hommes armés et menaçants. Dès le départ des gendarmes, les bureaux fermaient. La liberté de vote ne pouvait s'exercer que dans un temps très court.
On peut localiser les troubles graves (une carte est déployée) : à Canala-mairie sur la côte Est les bureaux n'ont pas été ouverts, là où des échanges de coups de feu se sont prolongés ; à Lifou, des bureaux ont pu ouvrir mais il y a eu des troubles. En revanche, à Nouméa et sur la Côte Ouest, aucune difficulté n'a été constatée, on trouvait l'ambiance classique d'un jour de scrutin, avec une participation importante des électeurs.
Une autre précision à donner concerne la nécessité de déplacer ou de regrouper les bureaux de vote. On doit tout d'abord observer que l'heure de clôture fixée à 18 heures est fâcheuse parce que la nuit est alors déjà tombée, ce qui rend précaires les conditions de sécurité.
Le Haut-commissaire avait examiné la possibilité d'avancer l'heure de clôture, mais, en l'état actuel des textes, cela s'avère impossible. En conséquence aucune disposition de portée générale n'a été prise. Mais pour des bureaux de vote menacés, dans les tribus à l'intérieur des terres, les sous-préfets ont décidé, dans deux cas, le transfert en cours d'après-midi vers le bureau centralisateur en annonçant, par voie d'affichage sur place, que le scrutin s'y poursuivrait et qu'y aurait lieu le dépouillement.
Le lendemain du scrutin j'ai rédigé un rapport complémentaire qui insiste sur quelques problèmes de telle sorte que puissent être prises des dispositions pour le deuxième tour. J'ai déjà évoqué la question de l'heure de clôture â avancer. Il faut également signaler les limitations apportées aux déplacements des délégués qui entraînent une limitation des contrôles : par exemple, à Lifou, le magistrat a dû être cantonné dans les locaux de la sous-préfecture en raison de l'insécurité régnante dans l'île : il n'a pu contrôler qu'un seul bureau, celui de la mairie ; de même sur la Côte Ouest, â Koumac, (Nord-Ouest) le magistrat délégué a contrôlé les seuls bureaux implantés en zone urbaine ; sur la Côte Est, à Touho, les barrages sur les routes ont empêché les contrôles. Ces bureaux avaient fait l'objet d'une visite les jeudi et vendredi précédant le scrutin afin de constater que la mise en place des bureaux et des documents électoraux était conforme. Enfin, j'ai souligné les problèmes de sécurité touchant les délégués. La plus sérieuse inquiétude a été pour Monsieur BONNET, membre du Tribunal administratif, qui s'était rendu courageusement dans un bureau voisin de Maré pour y être présent à l'ouverture et s'est trouvé sous la menace d'une action armée très précise, par encerclement, au point que les gendarmes lui ont remis une arme pour se défendre en cas de nécessité.
Monsieur le Président : J'écrirai à ce magistrat pour lui dire combien le Conseil est sensible à son dévouement et à son courage. La sécurité de nos délégués est une question essentielle. La situation de troubles est évidemment extrême si l'on en arrive à remettre une arme
La réclamation de Monsieur MITTERRAND fait état des obstacles opposés à ses représentants locaux. Avez-vous des précisions sur ce sujet ?
Monsieur MASSOT : Rien n'apparaît
Monsieur le Président : Ma question est : indépendamment des causes, ces délégués étaient-ils en fait présents ou non ?
Monsieur MASSOT : Il faudra regarder la composition bureau par bureau.
Monsieur VEDEL : Votre départ est intervenu avant la fin des travaux de la commission de recensement ?
Monsieur MASSOT : J'ai quitté Nouméa mardi, soit après la fin de ces travaux compte-tenu du décalage horaire.
Monsieur VEDEL : Le procès-verbal de la commission mentionne que Monsieur CHIVOT (mandataire de Monsieur MITTERRAND) a quitté les locaux avant le début du dépouillement que Monsieur GEORGES (mandataire de Monsieur LE PEN) est venu à deux reprises et n’est resté que quelques minutes, enfin que Monsieur FROUIN (mandataire de Monsieur BARRE) a quitté la commission à 19 heures alors que les travaux ont été clos à 23 heures.
Tous ces mouvements sont-ils dûs à l'ennui des opérations ou
Monsieur MASSOT : J'ai rencontré très rapidement Madame FILIPPI, présidente de la commission, qui s’est plainte d'une mauvaise organisation administrative, faisant allusion à l'absence de transmission des procès-verbaux qui ne permettait pas d'arrêter le nombre des inscrits, mais elle n'a pas fait état d'incidents ou d'éclats avec les mandataires.
Monsieur FABRE : En ce qui concerne le nombre de magistrats susceptibles d'exercer les missions de contrôle, le Gouvernement nous avait assuré que 20 étaient disponibles et je constate la présence de trois magistrats seulement.
Monsieur MASSOT : Il y avait six magistrats mobiles, trois conseillers du Tribunal administratif et trois magistrats judiciaires. Mais il est vrai qu'en raison des travaux des commissions et de la dualité des scrutins, le Président de la Cour d'appel n'a pu désigner que trois magistrats supplémentaires. Pour le deuxième tour, douze magistrats sont prévus .
Monsieur FABRE : Nous avions souligné que la simultanéité des élections devait appeler à une vigilance particulière. Certes l'on dit que cela ira mieux la prochaine fois, mais c'est l'aveu que ce n'était pas le cas lors du premier tour.
D'autre part, les forces de l'ordre ont été dans l'impossibilité de démanteler les barrages, voire d'accéder aux îles. On peut citer, à titre de témoignages, les rapports des délégués à Lifou et à Maré. Les gendarmes étaient en nombre insuffisant. Aurait-il fallu doubler leur effectifs pour permettre aux électeurs d'accéder aux lieux de vote ? Cela me paraît impensable.
Tout cela a-t-il rendu possible un scrutin régulier ? J'en doute.
je relève également des anomalies
dans 35 bureaux.
Monsieur MASSOT : Le
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Pour répondre à Monsieur FABRE, je rappelle qu'après la mort des quatre gendarmes suivie d'une prise d'otages, tout l'escadron de gendarmerie de mon département est parti pour la Nouvelle-Calédonie.
Monsieur FABRE : Un escadron
Monsieur MASSOT : Sur ce point j'indique que dans l'avion dans lequel je suis parti, il y avait 200 gendarmes sur les 400 passagers.
Monsieur MAYER : Après avoir remercié Monsieur le rapporteur pour son courage physique et intellectuel, je veux lui poser une question. Il nous a été dit que l'arrivée de gendarmes héliportés permettait l'ouverture des bureaux et qu'à leur départ ceux-ci étaient à nouveau fermés. Y a-t-il eu une information des électeurs sur les déplacements des gendarmes pour qu'ils puissent choisir le moment de voter ?
Monsieur MASSOT : La situation décrite est exclusivement celle de l'île de Maré, laquelle est sous l'influence du chef coutumier indépendantiste. Avant même les troubles il était déjà envisagé qu'il y aurait peu de votants.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Sur 88000 inscrits en Nouvelle-Calédonie, l'île de Maré ne compte que 1500 électeurs, soit moins de 2 %. A Maré il y a cinq bureaux...
Monsieur MAYER : J'accepte ces données de fait, mais alors le Gouvernement ne pouvait-il pas s'abstenir d'ouvrir les bureaux dans ces conditions pour éviter les provocations ?
Monsieur VEDEL : C'est de la stratégie, mon général, de la stratégie électorale !
Monsieur le Président : Quatorze bureaux n'ont pas ouverts, ce qui représente, selon la fiche d'information du haut-commissariat, 5549 personnes qui n'ont pu voter sur 88223 inscrits.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Vous faites une confusion, ne vous en déplaise. Il y a, d'une part, l'ensemble de ceux qui ont pu s'exprimer entièrement ou partiellement et, d'autre part, ceux qui n'ont pu s'exprimer du tout, dans quatorze bureaux.
Or la question de Monsieur MAYER concernant une éventuelle concertation, dans l'île de Maré, pour déterminer les heures d'ouverture et de fermeture des bureaux visait les bureaux ouverts par intermittence.
Monsieur le Président : Nous avons 88223 inscrits et 51309 votants.
Voilà la participation. Donc environ 35000 électeurs n'ont pas pris part au vote, soit qu'ils ne l'ont pas voulu, soit qu'ils n'ont pas pu le faire. Il faut déterminer le nombre de bureaux ouverts par intermittences et le nombre des bureaux ouverts où, comme ailleurs, on observe les irrégularités classiques.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : D'après les chiffres 5500 électeurs n'ont pas pu voter. Si on les retire des 88000 inscrits, on obtient environ 83000. Pour le reste on a 53309 votants.
Monsieur VEDEL : C'est un débat statistique selon lequel on se trouve avec un ménage français qui a 1,87 enfant...
Le seul problème, ce sont les phénomènes qui ont empêché le vote. A la Guadeloupe, il y a aussi de l'absentéisme ; la différence ici est que l'abstention est plus localisée géographiquement.
Monsieur le Président : Monsieur le Président JOZEAU-MARIGNE, je suis navré que vous vous emportiez.
Monsieur JOZEAU-MARIGNE : Je suis désolé que vous ne compreniez pas.
Monsieur le Président : Je ne comprends pas pourquoi vous vous passionnez. Nous essayons de comprendre les problèmes, nous n'en sommes qu'à la problématique ; c'est une situation à apprécier in concreto.
Monsieur VEDEL : Vous aurez du mal, Monsieur le Président. Vous ne pouvez pas annuler les bureaux fermés ni les bureaux où le scrutin a été régulier. Annulerez-vous les bureaux où les citoyens ont eu l'héroïsme et le courage de voter...
Monsieur le Président : ...le courage ou la commodité, il se peut que certains électeurs aient eu plus d'opportunité que d'autres.
La tâche pour vous, Monsieur le rapporteur, a été rude. Faites pour le mieux pour compléter notre information.
Monsieur VEDEL : Je n'ai pas entendu préjuger la décision du Conseil.
Monsieur MASSOT : Je peux préciser qu'à ma connaissance, la deuxième catégorie que vous avez définie est limitée à Maré où cinq bureaux sont restés fermés et d'autres bureaux ont eu des périodes d'ouverture intermittentes.
Monsieur le Président : Et à Lifou ?
Monsieur MASSOT : Le délégué n'a pas pu sortir de la sous-préfecture, mais les bureaux ont été ouverts avec accès rendu difficile par les barrages.
Monsieur le Président : A Canala ?
Monsieur MASSOT : La situation était tranchée : il y a eu des échanges de tir, mais dans une partie seulement de la commune.
Monsieur le Président : C'est bien si les bureaux ont été ouverts, mais s'ils étaient des blockhaus, ce n'est guère favorable à la liberté de vote.
Monsieur FABRE : Il n'y a pas que les chiffres, il faut prendre en compte aussi le climat général qu'indique l'impuissance des forces de l'ordre à accéder aux différents lieux.
Monsieur VEDEL : Dans une élection présidentielle, des troubles à un endroit A n'affectent pas nécessairement le vote à un endroit B. Là où on a voté, on a voté.
Monsieur FABRE : On a voté partout sous la menace. Voyez la protestation.
Monsieur MAYER : Le Conseil constitutionnel n'a pas à s'occuper des élections régionales. Cependant avez-vous décelé si des mesures ont été prises pour bien séparer les élections régionales et l'élection présidentielle, une partie de la population pouvant être hostile au scrutin régional mais non pas au scrutin présidentiel ? Dans quelle mesure les troubles nés des élections régionales se sont-ils répercutés sur l'élection présidentielle ?
Monsieur MASSOT : Nous avons vérifié cela très précisément lors de nos déplacements les jeudi et vendredi précédents sur la côte Est et la côte Ouest, à Maré et à Lifou : on a visité un grand nombre de bureaux.
En général ils disposaient de deux salles distinctes ou d'une salle aménagée avec une séparation marquée ; les panneaux d'affichage étaient nettement distingués (trois d'une part et neuf d'autre part). Aucune confusion n'était possible.
Mais les consignes de boycott du F.L.N.K.S. étaient d'autant plus vigoureuses qu'il y avait les élections régionales. En ce sens il y a eu répercuss ion.
A 13 h 10 la séance est suspendue. Elle est reprise â 15 h 40.
Monsieur MASSOT : Je peux vous présenter un exposé plus complet après un examen attentif de l'ensemble des procès-verbaux qui sont parvenus. On peut distinguer plusieurs cas de figure :
1) les bureaux non ouverts
Cela concerne treize bureaux auquel s'ajoute un bureau qui n'a ouvert que pour constater l'absence de tout électeur. Géographiquement c'est un phénomène de concentration :
- cinq sur neuf bureaux à Maré et trois sur neuf à Lifou. Il faut savoir que Lifou est d'une superficie supérieure à celle de la Martinique mais ne compte que 3000 habitants.
- sur la côte Est et â l'extrême Nord-Est : un bureau sur deux à Pouebo, le bureau de l'île de Belep (à l'extrême Nord) où règne un état de quasi autonomie depuis plusieurs années, la gendarmerie n'y accédant plus, trois bureaux sur cinq à Canala (au centre de la côte Est, non loin du centre minier de Thio) où ont eu lieu les affrontements armés les plus sérieux.
Cinq communes sur 32 ont été ainsi affectées, ce qui représente 5549 électeurs sur les 88223 inscrits en Nouvelle-Calédonie.
2) Les bureaux ouverts par intermittences
On compte environ quinze bureaux dans ce cas sur les 139 existants. Il convient de distinguer deux catégories :
a) la première catégorie regroupe les bureaux qui ont ouverts avec un retard relativement court d'une heure ou une heure et demie. Les motifs de ces retards ont été soit les atteintes
Cinq bureaux sont dans ce cas : Yaté (n°l) â l'extrême Sud qui se trouve en état de faible communication avec les autorités centrales, Lifou (n°s 7 et 8), Canala (n°4) et Hienghène (n°l).
Monsieur LECOURT : La participation a été différente dans ces divers bureaux ?
Monsieur MASSOT : On dénombre six électeurs à Hienghène. Il s'agit de lieux où les consignes de boycott étaient les plus respectées.
b) la deuxième catégorie comprend les bureaux où la clôture du scrutin a été anticipée. C'est le cas notamment à Lifou (n°s 6 et 7) où le scrutin a été clos à 17 h 45 pour ne pas attendre la tombée de la nuit.
Cela n'a pas donné lieu à protestation.
3) Les bureaux transférés en cours de scrutin
Ce transfert s'est en général produit au cours de l'après-midi et est intervenu pour des bureaux implantés dans des tribus isolées dans la montagne, par arrêté modificatif du Haut-commissaire avec publicité sur place. Il s'agit de quatre bureaux : Ponerihouen (n°l), Bourail (n°2), sur la côte Ouest, Poya sur la même côte et Lifou (n° 8).
4) Les bureaux regroupés
En fait il s'agit d'un seul bureau, celui de Ponerihouen n° 4 qui est isolé dans la montagne. Le dépouillement a été effectué au bureau centralisateur de la mairie.
5) Les bureaux où l'ouverture a été de très faible durée
Ceci, en raison des troubles. Le 4ème bureau de daté, à l'extrême Sud, n'a ouvert qu'entre 13 h 30 et 16 h et les bureaux n° 2 et 5 de Mare que pendant une heure ou une heure et demie selon la durée des interventions de la gendarmerie. Ainsi donc,dans l'île de Mare, seul le bureau de la mairie, appelé Tadine, situé près de la gendarmerie, a fonctionné normalement.
Sous réserve des procès-verbaux non communiqués, telles sont les anomalies que l'on peut relever : on constate que trois bureaux ont eu une durée d'ouverture faible. Les réclamations ou observations portées sur les procès-verbaux recoupent nos remarques sur les difficultés d'ouverture mais il n'y a aucune contestation notamment sur l'absence ou la présence des délégués des candidats : dans deux bureaux sur trois on note la présence de délégués sans indication cependant d'une appartenance politique apparente.
La commission de recensement a signalé l'absence de communication de documents pour certains bureaux. Il n'a semblé, d'après le compte-rendu que m’a fait la présidente de la Commission, que ces défauts de uansmission étaient dus à des retards d’acheminement : il était question de la négligence des administrations. Mais cela n'apparaissait pas rédhibitoire.
Monsieur le Président : Quelles sont les anomalies auxquelles fait allusion le procès-verbal de la commission de recensement ?
Monsieur MASSOT : Par exemple, à Nouméa, au 2 3ème bureau, on note deux votes de mandataires malgré l'absence du volet de leur procuration Dans le 5ène bureau on signale le vote d'une électrice inscrite dans un centre de vote à l'étranger et un écart d'une unité entre la liste d'émargement et le nombre d'enveloppes trouvées dans l'urne.
A
Pouebo (n°l) aucun électeur n'a obtempéré à la demande du Président pour être assesseur, le bureau a été composé avec le président seul.
il. n'y a que du
En dehors des questions liées â l'ordre public,
Monsieur le Président
Même à Lifou ?
Monsieur MASSOT : Ce qui a irrité votre délégué à Lifou, c'est de ne pas pouvoir sortir de la sous-préfecture. Si l'on examine les procès-verbaux, on relève des observations concernant la clôture anticipée ou l'ouverture tardive (n°s 4, 6 et 7), la décision de transfert (bureau n° 8 où l'on dénombre 189 votants sur 816 inscrits), une composition incomplète au bureau (n° 3). Pas d'observations dans les procès-verbaux des 1er et 9ème bureaux.
Monsieur FABRE : Nous avons tous les détails où il s'est passé quelque chose. Le problème est de savoir quelle conséquence en tirer. Il y a eu des menaces, la peur, des pressions qui ont faussé la participation au scrutin.
Dans un premier temps, nous avons alerté le Gouvernement sur les risques de la simultanéité des scrutins et demandé un renforcement des moyens.
Nous avons examiné 105 départements et nous avons dit que dans certains bureaux nous n'étions pas en mesure de contrôler la sincérité du scrutin. Il serait étonnant qu'après avoir trouvé des cas d'annulation en métropole, on ne trouve pas quelque chose en Nouvelle-Calédonie.
Monsieur VEDEL : Les irrégularités commises par des électeurs ou des membres du bureau dans la participation au vote en métropole sont différentes des irrégularités dues
Monsieur FABRE : Le fait est là : il n'y a pas eu sincérité du scrutin, quelles qu'en soient les causes, troubles et menaces ou transferts et durée restreinte.
Monsieur VEDEL : En plus, les chiffres de participation faible sont dans la suite logique des consignes de boycott.
Monsieur FABRE : Il ne s'agit pas de mettre en cause les résultats d'un scrutin national, il ne s'agit pas de sanctionner qui que ce soit ou de prendre une position partisane ; il s'agit de conserver un certain équilibre. Il ne nous appartient pas de savoir à qui incombe la faute mais la situation en Nouvelle-Calédonie est plus grave qu'en métropole. Comment l'exprimer ? On doit dire que le contrôle n'a pu être exercé.
Monsieur VEDEL : Ecoutez Monsieur FABRE. La sincérité du scrutin, c'est d'être assuré de ne pas voir son vote chahuté. Il serait fantomatique de croire qu'on aurait fait voter les indépendantistes en faveur du R.P.C.R., du F.N., etc...
Nous sommes en démocratie : annuler des suffrages exprimés parce que des gens ont dressé des barrages, c'est Ubu roi.
Monsieur MAYER : Si nous entérinons ces résultats, nous entérinerons la chance ou la malchance d'avoir été présent dans un bureau en même temps que les gendarmes.
Les détails très complets que vient de donner le rapporteur font un peu oublier le début de son récit, notamment sur l'insécurité.
Monsieur VEDEL : Je serai d'accord avec vous si dans des communes indépendantistes on avait trouvé un fort taux de participation, signe manifeste de bourrage d'urnes. Mais ici la faible participation est la preuve de l'efficacité du boycott. On ne peut annuler pour ce motif.
Tout cela n'a rien à voir avec la sincérité du scrutin. C'est vraiment du Alfred Jarry. Nous n'allons pas annuler les quelques voix qui se prononcent dans les communes indépendantistes.
Monsieur FABRE :
j'aurais dit que
Si en tant que maire j'avais vu des barrages se former, le scrutin était irrégulier.
C'est l'évidence
que rien n'a
norma1.
Monsieur FABRE :
Le scrutin a été même des procès-verbaux n'ont pas
réduit à sa plus été transmis.
simple expression
:
Monsieur VEDEL : S'il n’y a pas de procès-verbal, c'est alors la jurisprudence classique qu'il faut appliquer.
Monsieur MASSOT : Je peux ne porter garant qu'à Nouméa et La Fao que j'ai visités
Monsieur LECOURT : Je m'attacherai aux conclusions du rapporteur.
1) Dans la mesure où nous prendrions prétexte de certaines
2) En ce qui concerne la première catégorie des bureaux, ceux qui n'ont pas ouverts, l'idée d'une annulation doit être écartée. Dans la troisième catégorie des bureaux, tout a été normal, hormis les
observations ponctuelles classiques. Reste la celle des bureaux ouverts tardivement, fermés transférés ; à l'exception de trois cas où la été très brève, je partage le point de vue du certes des retards mais ils n'ont pas empêche s'exprimer ; il serait navrant de sanctionner le courage de se présenter.
catégorie intermédiaire, prématurément ou
durée de fonctionnement a rapporteur il y a eu certains votes de les électeurs qui ont eu
Je suis totalement les conclusions du rapporteur.
Monsieur le Président : Dans une situation extraordinaire, pour les juristes il faut une réponse par référence aux circonstances ordinaires, par exemple celles du Pas-de-Calais.
Le grief articulé à propos des délégués d'un candidat n'est ni étayé ni confirmé.
Livrons-nous à un travail précis et ordinaire, soyons scrupuleux : dès lors que des suffrages ont été exprimés, même s'il est très douloureux de voir les évènements en cours, il nous appartient d'exercer notre contrôle. (Le Président lit le projet de décision de Monsieur MASSOT et de Monsieur le Secrétaire général auquel il associe également Monsieur PAOLI).
Nous visons non pas des principes mais des situations concrètes. Il faut être très rigoureux et annuler dans une commune 300 voix douteuses plutôt que d'être accusés de partialité.
Il nous faut appliquer notre contrôle habituel en nous attachant aussi bien à la liberté du scrutin qu'à sa sincérité.
Après tout, le Gouvernement doit faire respecter l'ordre public républicain. Là où il n'y a pas eu exercice normal du droit de vote, il doit y avoir annulation.
Nous statuons en fonction de notre jurisprudence. Le tumulte n'arrive pas jusqu'à nous.
Monsieur LECOURT : Dans le deuxième considérant je supprimerai le mot "repréhensible” : ce n'est pas notre fait de sanctionner.
Monsieur le Secrétaire général : Le Conseil a eu un délibéré du même ordre sur ce point à propos des élections législatives en Guadeloupe sur le rapport de Madame LAROQUE. C'est également l'expression retenue par le Conseil d'Etat dans son arrêt du 20 janvier 1988 aux conclusions de Monsieur MASSOT, concernant les élections régionales en Guadeloupe.
Monsieur le Président : On annule trois bureaux. Il me semblait qu'il y en avait plus où notre contrôle ne pouvait s'exercer.
Monsieur le Secrétaire général : Des retards d'acheminement ne signifient pas nécessairement volonté de falsification et mauvais vouloir.
Monsieur MASSOT : Je me répéterai sur ce point précis : d'après une discussion avec la présidente de la commission, les faits rapportés dans le procès-verbal de cette commission sont imputés aux retards de l'administration. Je rappelle aussi que ce n'est pas la première fois que le Conseil constitutionnel statue sans disposer de tous les documents .
Monsieur le Secrétaire général : La situation est différente de celle de Lamentin où les documents ont été demandés par le délégué et où il y a eu refus de communication.
Monsieur le Président : Le problème ici est que nous devons exercer notre contrôle : sur 130 bureaux, 35 ont connu des anomalies et nous en annulons trois. Dans le cas de Canala la tension a été extrême.
Monsieur MASSOT : Il y a d'autres cas, tels que l'île d'Ouvéa, c'est certain. J'ai voulu contrôler la commune de Mont Dore, mais nous n'avons pas les procès-verbaux. C'est la même chose pour l'île d'Ouen.
Monsieur VEDEL : Qu’allons-nous présumer dans ces conditions. Dans le contentieux électoral on ne statue pas sur des irrégularités sans incidence sur les résultats.
Nous serions fondés à suspecter des résultats invraisemblables. Mais tel n'est pas le cas.
Le réalisme du droit électoral ne s'apparente pas au contrôle de la régularité d'un acte de construction d'un barrage. L'absence de procès-verbal ne permet pas de présumer la fraude quand les apparences sont contraires. On ne peut sanctionner des électeurs qui se sont exprimés contre et en dépit des évènements.
Monsieur LECOURT : Il n'y a pas de mauvaise volonté dans l'absence de transmiss ion.
Monsieur le Président : Notre crainte est que l'on exhibe, après notre décision, un grave manquement. Ce qui nous fait défaut ce sont des éléments d'information. Par précaution, insérons dans le projet une formule : "en l'état des informations dont dispose le Conseil constitutionnel".
Monsieur VEDEL : Il est vrai que les délais accordés au Conseil sont très brefs. Il lui faudrait une possibilité de poursuivre une véritable instruction.
Monsieur le Président donne lecture du projet ainsi amendé.
Monsieur VEDEL : Cette décision est cohérente avec notre jurisprudence. Nous sommes juges de la formalité : dans le cas des écarts nous disons seulement que nous ne présumons pas d'irrégularités en deçà d'une côte d'alerte.
Après une suspension de séance entre 17 h 25 et 17 h 50, il est procédé, à la demande de Monsieur FABRE, à un vote par division sur le projet de décision.
La partie relative aux opérations électorales dans certains départements est adoptée à l'unanimité ; la partie relative au déroulement des opérations électorales dans le territoire de Nouvelle-Calédonie est adoptée par six voix contre une (Monsieur FABRE) et une abstention (Monsieur MAYER). Il est décidé de supprimer l'adjectif "répréhensible" en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie. A 18 heures dans le grand salon, Monsieur le Président, entouré des membres du Conseil, donne lecture, devant la presse, de la décision.
DECLARATION DU 27 AVRIL 1988
i
»
_(v). Résultats du premier tour de scrutinLE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,
Vu les articles 6, 7 et 58 de la Constitution ;
Vu l'article 3 de la loi n° 62-1292 du
6 novembre 1962 relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel, modifiée par les lois organiques n° 76-528 du 18 juin 1976, n° 80-563 du
21 juillet 1980, n° 83-1096 du 20 décembre 1983, n°s 88-35 et 88-36 du 13 janvier 1988 et n° 88-226 du 11 mars 1988 ;
Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, notamment son article 30 ;
Vu le décret n° 64-231 du 14 mars 1964 portant règlement d'administration publique pour l'application de la loi du 6 novembre 1962, modifié par les décrets n° 76-738 du 4 août 1976, n° 80-212 du 11 mars 1980, n° 81-39 du 21 janvier 1981, n° 88-22 du 6 janvier 1988 et n° 88-72 du 20 janvier 1988, notamment ses articles 26 et 27 ;
Vu le décret n° 80-213 du 11 mars 1980 fixant, pour les départements et territoires d'outre-ner et les collectivités territoriales de Mayotte et de Saint-Pierre et Miquelon, les modalités d'application ou d'adaptation du décret du 14 mars 1964, modifié par le décret n° 88-22 du 6 janvier 1988, notamment son article 13 ;
Vu la loi organique n° 76-97 du 31 janvier 1976 sur le vote des Français établis hors de France pour l'élection du Président de la République, modifiée par la loi organique n° 77-820 du 21 juillet 1977 ;
Vu le décret n° 76-950 du 14 octobre 1976 portant application de la loi organique du 31 janvier 1976, modifié par le décret n° 88-198 du 29 février 1988, notamment son article 44 ;
Vu le décret n° 88-250 du 16 mars 1988 portant convocation des électeurs pour l'élection du Président de la République ;
Vu le code électoral ;
Vu pour l'ensemble des départements, la
Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre et Miquelon, les procès-verbaux établis par les commissions de recensement ainsi que les procès-verbaux des opérations de vote portant mention des réclamations présentées par des électeurs et les pièces jointes ;
Vu les résultats complets adressés au Conseil constitutionnel, par voie télégraphique, par les commissions de recensement de Mayotte, de la Polynésie française et de Wallis et Futuna ;
Vu les résultats consignés dans le procès-verbal établi par la commission électorale instituée par l'article 5 de la loi du 31 janvier 1976 susvisée ainsi que les réclamations présentées par des électeurs mentionnées dans les procès-verbaux des opérations de vote ;
Vu les réclamations qui ont été adressées au Conseil constitutionnel ;
Vu les rapports des délégués du Conseil constitutionnel ;
Les rapporteurs ayant été entendus ;
Après avoir opéré diverses rectifications d'erreurs matérielles, procédé aux redressements qu'il a jugé nécessaires et aux annulations énoncées ci-après ;
Considérant que, dans le 1er bureau de la commune de Bar-sur-Aube et dans le 2ème bureau de la commune de Troyes (Aube), la commission départementale de recensement a relevé des discordances importantes et inexpliquées entre les chiffres inscrits dans les procès-verbaux retraçant les résultats et ceux figurant dans les feuilles de dépouillement ; que ces dernières comportent ces ratures et des surcharges ; que le Conseil constitutionnel n'étant pas en mesure d'exercer son contrôle sur la régularité des votes, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans les bureaux susmentionnés ;
Considérant que dans les 26ème et 27ème bureaux
de la commune de Calais (Pas-de-Calais), il n'a pas été procédé au contrôle d'identité des électeurs, en méconnaissance des articles L. 62 et R. 60 du code électoral ; que cette irrégularité s'est poursuivie après les observations faites à ce sujet par le magistrat délégué du Conseil constitutionnel ; que, devant cette méconnaissance délibérée et persistante de dispositions destinées à assurer la régularité et la sincérité du scrutin, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans ces bureaux ;
Considérant que dans le 23ème bureau de la commune de Fontenay-sous-Bois, dans le llème bureau de la commune de Gentilly, dans les 10 ème et 37ème bureaux de la commune de Vitry-sur-Seine, communes gui sont toutes situées dans le département du Va 1-de-îîa rne, le rapport entre le nombre des bulletins et enveloppes trouvés dans l'urne et le nombre des électeurs portés sur la liste d'émargement comme ayant pris part au vote fait apparaître des disproportions très importantes ; qu'en l'état, le Conseil constitutionnel ne se trouve pas en mesure d'exercer son contrôle sur la régularité des votes dans les bureaux précités ; que, dès lors, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans ces bureaux ;
Considérant que, dans la commune de Lamentin (Guadeloupe), le bureau centralisateur a, en méconnaissance des disposions de l'article R. 61 du code électoral, modifié les résultats du 3ème bureau de vote ; qu'au surplus, il n'a donné aucune justification ni explication ; qu'en dépit de la demande faite par le délégué du Conseil constitutionnel les feuilles d'émargement du 3ême bureau n'ont pas été jointes au dossier ; que, faute pour le Conseil d'être à même d'exercer son contrôle sur la régularité des opérations de vote, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans le 3ène bureau ;
Ayant constaté qu'aucun candidat n'a recueilli la
majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de
scrutin ;
DECLARE :
Article premier.- Les résultats du scrutin pour l'élection du Président de la République, auquel il a été procédé le 24 avril 1988, sont les suivants :
Electeurs inscrits :
Votants :
Suffrages exprimés :
Majorité absolue :
Ont obtenu :
Monsieur Raymond BARRE :
Monsieur Pierre JUQUIN :
Monsieur Jean-Marie LE PEN :
Monsieur Jacques CHIRAC ;
Monsieur François MITTERRAND :
Monsieur Pierre BOUSSEL :
Monsieur Antoine WAECHTER : . .
Madame Arlette LAGUILLER :
Monsieur André LAJOINIE :
Article 2. - La proclamation l'élection interviendra dans du 14 mars 1964 susvisé. des résultats de l'ensemble de les conditions prévues au décret
Ar ticle 3. - La présente déclaration sera publiée sans délai au Journal officiel de la République française.
Délibéré par le Conseil constitutionnel dans ses séances des 26 et 27 avril 1988, où siégeaient : MH.
DECLARATION DU 27 AVRIL 1988
Résultats du premier tour de scrutin
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL,
Vu les articles 6, 7 et 58 de la Constitution ;
Vu l'article 3 de la loi n° 62-1292 du
6 novembre 1962 relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel, modifiée par les lois organiques n° 76-528 du 18 juin 1976, n° 80-563 du
21 juillet 1980, n° 83-1096 du 20 décembre 1983, n°s 88-35 et 88-36 du 13 janvier 1988 et n° 88-226 du 11 mars 1988 ;
Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, notamment son article 30 ;
Vu le décret n° 64-231 du 14 mars 1964 portant règlement d'administration publique pour l'application de la loi du 6 novembre 1962, modifié par les décrets n° 76-738 du 4 août 1976, n° 80-212 du 11 mars 1980, n° 81-39 du 21 janvier 1981, n° 88-22 du 6 janvier 1988 et n° 88-72 du 20 janvier 1988, notamment ses articles 26 et 27 ;
Vu le décret n° 80-213 du 11 mars 1980 fixant, pour les départements et territoires d'outre-mer et les collectivités territoriales de Mayotte et de Saint-Pierre et Miquelon, les modalités d'application ou d'adaptation du décret du 14 mars 1964, modifié par le décret n° 88-22 du 6 janvier 1988, notamment son article 13 ;
Vu la loi organique n° 76-97 du 31 janvier 1976 sur le vote des Français établis hors de France pour l'élection du Président de la République, modifiée par la loi organique n° 77-820 du 21 juillet 1977 ;
Vu le décret n° 76-950 du 14 octobre 1976 portant application de la loi organique du 31 janvier 1976, modifié par le décret n° 88-198 du 29 février 1988, notamment son article 44 ;
Vu le décret n° 88-250 du 16 mars 1988 portant convocation des électeurs pour l'élection du Président de la République ;
Vu le code électoral ;
Vu pour l'ensemble des départements, la Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre et Miquelon, les procès-verbaux établis par les commissions de recensement ainsi que les procès-verbaux des opérations de vote portant mention des réclamations présentées par des électeurs et les pièces jointes ;
Vu les résultats complets adressés au Conseil constitutionnel, par voie télégraphique, par les commissions de recensement de Mayotte, de la Polynésie française et de Wallis et Futuna ;
Vu les résultats consignés dans le procès-verbal établi par la commission électorale instituée par l'article 5 de la loi du 31 janvier 1976 susvisée ainsi que les réclamations présentées par des électeurs mentionnées dans les procès-verbaux des opérations de vote ;
Vu les réclamations qui ont été adressées au Conseil constitutionnel ;
Vu les rapports des délégués du Conseil constitutionnel ;
Les rapporteurs ayant été entendus ;
Après avoir opéré diverses rectifications d'erreurs matérielles, procédé aux redressements qu'il a jugé nécessaires et aux annulations énoncées ci-après ;
SUR LES OPERATIONS ELECTORALES DANS CERTAINS DEPARTEMENTS :
Considérant que, dans le 1er bureau de la commune de Bar-sur-Aube et dans le 2ème bureau de la commune de Troyes (Aube), la commission départementale de recensement a relevé des discordances importantes et inexpliquées entre les chiffres inscrits dans les procès-verbaux retraçant les résultats et ceux figurant dans les feuilles de dépouillement ; que ces dernières comportent des ratures et des surcharges ; que le Conseil constitutionnel n'étant pas en mesure d'exercer son contrôle sur la régularité des votes, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans les bureaux susmentionnés ;
Considérant que dans les 26ême et 27ème bureaux de la commune de calais (Pas-de-Calais), il n'a pas été procédé au contrôle d'identité des électeurs, en méconnaissance des articles L. 62 et R. 60 du code électoral ; que cette irrégularité s'est poursuivie en dépit des observations faites à ce sujet par le magistrat délégué du Conseil constitutionnel ; que, devant cette méconnaissance délibérée et persistante de dispositions destinées â assurer la régularité et la sincérité du scrutin, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans ces bureaux ;
Considérant que, dans le département du Val-de-Marne, dans le 23ène bureau de la commune de Fontenay-sous-Bois, dans le llème bureau de la commune de Gentilly, dans les lOème et 37ème bureaux de la commune de Vitry-sur-Seine, le rapport entre le nombre des bulletins et enveloppes trouvés dans l'urne et le nombre des électeurs portés sur la liste d'émargement comme ayant pris part au vote fait apparaître des discordances très importantes ; qu'en l'état, le Conseil constitutionnel ne se trouve pas en mesure d'exercer son contrôle sur la régularité des votes dans les bureaux précités ; que, dès lors, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans ces bureaux ;
Considérant que, dans la commune de Lamentin
(Guadeloupe), le bureau centralisateur a, en méconnaissance des dispositions de l'article R. 69 du code électoral, modifié les résultats du 3ème bureau de vote ; qu'au surplus, il n'a donné aucune justification ni explication ; qu'en dépit de la demande faite par le délégué du Conseil constitutionnel les feuilles d'émargement du 3ème bureau n'ont pas été jointes au dossier ; que, faute pour le Conseil d'être â même d'exercer son contrôle sur la régularité des opérations de vote, il y a lieu d'annuler l'ensemble des suffrages exprimés dans le 3ème bureau ;
SUR LE DEROULEMENT DES OPERATIONS ELECTORALES DANS LE
TERRITOIRE DE NOUVELLE-CALEDONIE :
Considérant qu'il résulte de l'instruction et notamment du rapport des délégués du Conseil constitutionnel en Nouvelle-Calédonie que le jour du scrutin, dans une partie de ce territoire, des barrages ont été mis en place sur certaines voies en vue de perturber la circulation et d'empêcher l'accès à des bureaux de vote ; que des actes de violence ont été commis contre les personnes et les biens dans le même but ; que, sur les 139 bureaux de vote qui avaient été créés en application de l'article R. 40 du code électoral, les troubles ont eu pour conséquence, sur la côte Est ainsi que dans les Iles Loyauté, d'une part, d'empêcher l'ouverture de 14 bureaux et, d'autre part, de restreindre très sensiblement la durée d'ouverture de 3 autres bureaux ;
Considérant que, pour graves qu'ils aient été, les incidents ci-dessus relatés n'ont pas eu pour effet, en raison du caractère national du scrutin pour l'élection du Président de la République, d'affecter dans l'ensemble du territoire de Nouvelle-Calédonie, la validité des suffrages qui y ont été exprimés ;
Considérant, toutefois, en l'état des informations dont dispose le Conseil constitutionnel, qu'il est établi que les conditions dans lesquelles ont fonctionné les 2ème et 5ème bureaux de vote de l'Ile de Maré ainsi que le 4èrne bureau de vote de Yaté n'ont pas permis une expression régulière des suffrages ; que, dans ces circonstances, il y a lieu pour le Conseil constitutionnel d'annuler les suffrages exprimés dans ces différents bureaux ;
SUR L'ENSEMBLE DES RESULTATS DU SCRUTIN :
Considérant qu'aucun candidat n'a recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin ;
DECLARE :
Article premier.- Les résultats du scrutin pour l'élection du
----------------------------------------------------------- ---- ----- ----- Président de la République, auquel il a été procédé le 24 avril 1988, sont les suivants : Electeurs inscrits : 38 128 507 Votants : 31 027 972 Suffrages exprimés : 30 406 038 Majorité absolue : 15 203 020 ----------------------------------------------------------- ---- ----- -----
Ont obtenu :
-------------------------- --------------------- -- ----- ----- ----- Monsieur Raymond BARRE 5 031 849 Monsieur Pierre JUQUIN 639 084 Monsieur Jean-Marie LE PEN 4 375 894 Monsieur Jacques CHIRAC 6 063 514 Monsieur François MITTERRAND 10 367 220 Monsieur Pierre BOUSSEL 116 823 Monsieur Antoine WAECHTER 1 149 642 Madame Arlette LAGUILLER 606 017 Monsieur André LAJOINIE 2 055 995 -------------------------- --------------------- -- ----- ----- -----
Article 2. - La proclamation des résultats de l'ensemble de 1'élection interviendra dans les conditions prévues au décret du 14 mars 1964 susvisé.
Article 3.- La présente déclaration sera publiée sans délai au Journal officiel de la République française.
Délibéré par le Conseil constitutionnel dans ses séances des 26 et 27 avril 1988, où siégeaient : MM. Robert BADINTER, Président, Louis JOXE, Robert LECOURT, Daniel MAYER, Léon JOZEAU-MARIGNE, Georges VEDEL, Robert FABRE, Francis MOLLET-VIEVILLE.
Le Secrétaire général,
Le Président,
Les instructions de transcription ont été communiquées aux étudiantes et aux étudiants.